L’étau sur les prix sera- t-il maintenu en 2006 ?
La loi Dutreil II, qui encadre les relations commerciales industriels / distributeurs, arrive à point nommé. Le texte entre en vigueur au moment ou de nombreux fabricants, grandes marques en tête, prévoient une augmentation de leurs tarifs en 2006. Une note discordante pour le ministre cu Commerce, qui tente tant bien que mal de juguler l'inflation des prix.
Il y a deux semaines, lors de la présentation de sa circulaire, Renaud Dutreil a reconnu du bout des lèvres que les PME supportaient l'essentiel de la baisse des prix observée depuis un an (voir LM n°245), mais qu'à vouloir jouer le jeu de l'inflation, « les grandes marques risquent une désaffection du consommateur ». Ces menaces ne font apparemment pas trembler les géants de l'agroalimentaire, dont les hausses de tarifs sont supérieures à l'inflation. Michel-Edouard Leclerc a ainsi estimé que le tiers de ses achats serait en hausse de 4% à 8% (avant négociation) et que 40% des produits seraient proposés au distributeur à un prix supérieur de 2 à 4% au tarif 2005. Chez Auchan, on tempête contre la hausse des grandes marques, qui espèrent toujours se vendre malgré des prix élevés.
Le 9 décembre, Jean-René Buisson, président de l'Ania, s'est déclaré « gêné» de voir le ministre intervenir dans les relations entre industriels et distributeurs. « Nous lui demandons de ne pas intervenir sur les négociations car nous sommes en régime de liberté de prix. S'il veut les baisser, il n'a qu'à rétablir le contrôle des prix, ce qui ne me semble pas d'actualité». Contraints à être plus vigilants dans ce nouvel environnement réglementaire, les parties en présence n'ont eu que peu de temps pour appréhender les changements de réglementation. Ce qui explique le succès des réunions d'information entre industriels et DGCCRF, qui a annoncé que les priorités des services de contrôles seraient, pour 2006, le respect des règles de formalisation des contrats de coopération commerciale et la réalité, ainsi que la proportionnalité, des contreparties de rémunération.
L'interdiction de revente à perte va rester l'un des axes de contrôle, mais une tolérance sera accordée pour les six premiers mois de l'année, compte tenu des nouvelles modalités de calcul du SRP.