Lesaffre se désengage de son activité malt
Après avoir été présent durant 82 ans dans le malt, le groupe nordiste Lesaffre se désengage totalement de cette filière. Il a annoncé le 6 octobre dernier la vente de sa participation dans la société International Malting Company (IMC) au groupe américain Archer Daniels Midland (ADM). Les deux sociétés, Lesaffre et ADM, détenaient chacune la moitié du capital du groupe IMC depuis 1988 Lesaffre et l’américain ADM sont associés également aux Etats-Unis depuis 2004 dans une nouvelle unité de production de levures dans l’Iowa, située à proximité d’une usine de transformation de maïs appartenant à ADM. IMC est le cinquième producteur mondial de malt qui possède six usines à travers le monde (Australie, Nouvelle-Zélande et Amérique du Nord). Avant la fermeture de sa filiale française, IMC produisait plus de 900 000 tonnes par an et employait 300 salariés. Le groupe familial Lesaffre entend ainsi se concentrer dans les métiers de la levure (secteur dans lequel il veut renforcer sa place de leader mondial) ainsi que dans les produits destinés à la nutrition santé. Le groupe espère bien y développer les possibilités d’utiliser la levure pour résoudre certains problèmes de santé (nutraceutiques).
Les Grandes Malteries modernes fermées
L’annonce de ce désengagement total des métiers du malt intervient après la fermeture définitive le 31 août dernier des Grandes Malteries Modernes (propriété de la filiale française d’IMC). Dans sa seule implantation française située à Marquette-les-Lille près de Lille (voir notre édition du 18 mai), le groupe Lesaffre produisait du malt depuis 1924 après y avoir produit de l’alcool de grains au tout début du siècle dernier. Cette fermeture avait été précédée d’un conflit social long de trois semaines entre la direction et les 52 salariés et s’était soldé par un accord signé le 24 juin dernier permettant notamment le reclassement de l’ensemble du personnel.
Du côté du groupe levurier, on explique ce désengagement par l’importance de la concentration mondiale de l’industrie brassicole (les cinq principaux brasseurs représentent 45% de la production mondiale de bières). Mais l’industrie européenne du malt a également été confrontée à de profondes évolutions. Basant initialement son développement sur les marchés export, elle a vu la demande de ses clients se contracter très fortement. C’est ainsi que le marché s’est progressivement déplacé vers l’Est de l’Europe puis vers l’Extrême-Orient (notamment en Chine), suivant en cela l’explosion du marché brassicole chinois (15 à 20% par an).