Les vins du sud de la France ont du mal à communiquer ensemble
C’est un vrai casse-tête chinois que de comprendre les intérêts des uns et des autres dans la reconstruction de l’offre viticole régionale du sud de la France. L’interprofession née mi-2006 est censée fédérer les interprofessions du Languedoc (CIVL), du Roussillon (CIVR), des vins de pays d’Oc (Inter Oc) et l’Anivit (représentant les autres VDP) pour communiquer de conserve, notamment sur la nouvelle marque ombrelle Sud de France. Les trois premières ont respectivement mis sur la table 2,5, 1,8 et 2,5 millions d’euros, soit un total de 6,9 millions d’euros tandis que l’Anivit n’allouait cette année que 160 000 euros. De quoi faire bondir les présidents des interpros, en particulier Jacques Gravegeal d’Inter Oc qui rappelle que « le Languedoc-Roussillon représente les trois-quarts des vins de pays français et qu’à ce titre, il est impensable de ne recevoir que des miettes ». L’idée d’une grande interprofession unique semble également compromise au profit d’un système à deux étages : d’un côté les trois organismes actuels qui continueraient à communiquer sur leurs appellations, de l’autre Inter Sud qui aurait en charge Sud de France représentant, dans cette région mixte, 5 M hl en VDP et 1,8 M en AOC, et qui bénéficiera également des 5 M d’euros versés par le Conseil régional. Le contrôle échappant ainsi aux coopératives qui représentent 80 % de la production régionale mais pas le négoce, celles-ci ont décidé de faire la grève des cotisations (CVO).
Malgré ces dissensions tous azimuts, certaines opérations commencent à se mettre en place comme la gestion commune des déclarations de sorties de chais, le suivi aval qualité, les actions de promotion dans les pays prioritaires (France, Royaume-Uni, Belgique, Allemagne, Japon). Après une campagne dans la restauration régionale et dans les caveaux en 2007, les actions seront dirigées en 2008 vers la GMS.
Hiérarchisation VDP et AOC
Les travaux de hiérarchisation de l’offre ont abouti, il y a quelques mois à une segmentation des VDP d’Oc avec un segment Séduction au bon rapport qualité-prix et au packaging plus «fun», un segment Style, cœur de gamme conditionné en BIB ou en bouteille, et un segment Collection au cahier des charges plus sévère comprenant, notamment, l’obligation de mise en bouteilles dans la région de production. Inter Oc participe au financement des actions d’entreprises, regroupées dans un club des marques à condition qu’elles valorisent leurs vins. Même démarche de la nouvelle AOC Languedoc, grande appellation socle régionale avec, pour les opérateurs, l’obligation de positionner leurs marques à 3 euros minimum, d’avoir un objectif à 3 ans et déjà un référencement national. Le CIVL met ainsi au pot 650 000 euros pour des actions à 50-50 sur les mêmes pays que les VDP d’Oc, les Etats-Unis remplaçant le Japon dans les cibles privilégiées. Une initiative qui regroupe déjà de nouvelles marques ou des déclinaisons de gamme chez les principaux opérateurs régionaux. « Outre la signature ombrelle Sud de France, la seule vraie réponse à nos problèmes réside dans une politique de marques » martèle Bernard Devic, président d’Inter Sud. Une solution qui pourrait aussi endiguer le recul des exportations régionales (- 2,5 %).