Les vins de pays donnent la priorité au marketing
La dénomination « vins de primeurs » fait vendre, ce n’est un secret pour personne. Beaujolais, Côtes du Rhône, et autres appellations d’origine contrôlées l’avaient déjà mise en place avec succès. C’est le tour des Vins de Pays de profiter de l’engouement du consommateur pour ces vins nouveaux qui permettent de se différencier et de sacrifier à la mode. Cette année, l’Anivit (Association nationale Interprofessionnelle des Vins de Table et de Pays) lance l’opération en grand, tant dans la restauration collective ou traditionnelle, dans la distribution de détail ou dans les GMS. 8 000 professionnels pourront animer leurs linéaires ou magasins avec des affichettes, stop rayons et des kits promotionnels, dont le slogan prône : « Aux vins bien nés, la valeur n’attend pas le nombre des années».
Consommer nouveau
Les ventes sont dopées par l’attrait de la nouveauté. La vente dure entre trois et cinq jours, selon le circuit de distribution. Elidis, Richard pour les CHR et Système U et Monoprix témoignent d’une voix : 70 % environ des ventes se font dans cette période. Seule ombre au tableau pour les GMS, la date paraît mal choisie. Effectivement, le troisième jeudi du mois, le 21 octobre pour cette année, est trop tôt pour que les vins soient tous au rendez-vous des centrales et puissent être réacheminés vers les plateformes régionales. Dans bien des cas, la fermentation malolactique se termine juste et après il faut mettre en bouteilles et expédier. D’où une réflexion globale de l’Anivit pour repousser cette date au quatrième jeudi du mois. La multiplication des points de vente « au verre » est aussi un moteur de vente. D’autant que la bouteille est rentabilisée avec deux verres.
Attention à la qualité
Si aujourd’hui, nombre de régions basculent vers ce type de produit qui correspond aux attentes des consommateurs par un rapport qualité/prix jugé satisfaisant, les grandes régions productrices, Bourgogne et Bordeaux, traînent des pieds. La décision récente du Beaujolais de venir aux vins de pays va peut-être accélérer le mouvement. Pour l’instant, à Bordeaux, on en reste à la réflexion sur une nouvelle dénomination « Vins d’Aquitaine » qui pourrait séduire de nombreux vignerons AOC, mais aucune décision n’a encore été prise.
Côté qualité, l’agrément final se fait comme dans les vins AOC, mais il est difficile d’obtenir des précisions quant au contrôle des conditions de production. N’oublions pas que c’est, en partie, cet aspect-là qui a amené la désaffection pour certaines AOC. Même entre 2 et 3 euros la bouteille, le consommateur saura faire ses choix.