Les vins de Bordeaux retrouvent du dynamisme à l'export
Assainissement de l’économie bordelaise et reprise des ventes, tel est le bilan positif que dresse Alain Vironneau, président du comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) et viticulteur, pour l’année 2007. « La commercialisation, en France et à l’export, s’est établie à près de 6 millions d’hectolitres (ndlr : 5,7 M d’hl en hausse de 1,3 %) », a-t-il précisé. Si les ventes en France continuent de s’éroder avec la consommation (-2 % en volume), après deux années de croissance modérée, les exportations de vins de Bordeaux se sont accélérées en 2007. Elles se sont élevées à 1,94 million d’hectolitres (+7%), soit l’équivalent de 258 millions de bouteilles, pour un chiffre d’affaires en progression de 9 % (à 1,4 Md Eur). Cette reprise concerne aussi bien les vins rouges (+6% en volume) que les vins blancs (+8%). Le dynamisme de Bordeaux à l’export se concrétise vers l’Union européenne (+3%) et les Pays Tiers (+13%, dont +6 % aux Etats-Unis et au Canada).
Un élan freiné dès 2008 par la récession économique et la parité euro-dollars en Amérique du Nord ? « Je suis personnellement étonné de la force des exportations de Bordeaux sur ces pays malgré les conditions difficiles. On ne sent pas encore les effets », répond Allan Sichel, vice-président du CIVB, à la tête de la maison de négoce éponyme. « Bordeaux n’est pas cher, on est dans le marché », estime pour sa part Alain Vironneau, qui voit là une des raisons du succès du vignoble à l’export.
Pour renforcer cette image, le CIVB a créé en 2005 « les Bordeaux abordables » opération destinée aux professionnels et au grand public, durant laquelle une sélection de 50 à 100 vins (compris entre 4 et 15 euros) est mise en avant. En 2008, l’opération se tiendra en Corée, au Japon, aux Etats-Unis, en Chine, à Hong-Kong, aux Pays-Bas, au Canada, en Allemagne et en Angleterre.
« On manque de Sauvignon »
« Bordeaux devrait être à un taux d’exportation beaucoup plus élevé, on doit rendre l’offre beaucoup plus attractive pour le consommateur », affirme Allan Sichel, qui se projette dans une démarche conquérante de 7 M d’hl vendus par an. Il se prend même à imaginer des exportations atteignant 60 à 70 % du total des ventes de vins de Bordeaux contre un tiers actuellement. Des marges de progression sont d’ores et déjà attendues sur la qualité avec la réforme de l’agrément effective à partir du 1 er juillet prochain. « J’espère que d’ici un ou deux ans, l’impression qu’il y a encore trop de mauvais vins à Bordeaux aura disparu », poursuit le négociant.
A la veille de la réforme, le moral est plutôt bon du côté du vignoble actuellement en phase de déstockage. 77 000 hl en vrac ont été vendus la semaine dernière, « un vrai record », selon Alain Vironneau. « Aujourd’hui, nous manquons même de sauvignon », ajoute-il. Sur le marché français, alors que les AOC Bordeaux rouge ont reculé de 6 % l’an passé, les vins blancs secs ont confirmé leur progression à +4 %. Le CIVB signale même une vive reprise des ventes des appellations Bordeaux Blanc sec (+9%) et des Entre-Deux Mers (+8%).