Les vignerons indépendants doivent se regrouper
Face à un marché toujours plus concurrentiel et une consommation française en baisse, les vignerons indépendants de France ont lancé début 2007 un état des lieux de la profession et une étude prospective à l’horizon 2015.
Réalisée par le Crédoc cette enquête a été en partie présentée hier à la presse. Ses premiers résultats sont éloquents. On comptait 113 777 vignerons indépendants en France, en 1979, moitié moins en 1988 (62 316), et encore 40 % de moins en 2000 (37 875). En 2007, les quelque 31 726 vignerons indépendants recensés en France représentaient toutefois encore 53 % de la production viticole française. Et les prévisions du Crédoc sont plutôt optimistes pour l’avenir. La baisse du nombre de vignerons indépendants devrait se ralentir entre 2007 et 2015 avec un rythme de 2,2 % par an (contre 6,5 % entre 1979 et 1988 et 4 % entre 88 et 2000). Leur production devrait se stabiliser autour de 26 millions d’hl.
D’une manière générale, les vignerons indépendants disposent de plus d’atouts que les vignerons coopérateurs pour affronter l’évolution du marché, conclut l’étude prospective. Ils disposent d’exploitations plus grandes que leurs confrères (12,3 ha en moyenne contre 8 ha en France) et le statut de vigneron indépendant bénéficie d’une meilleure image auprès du consommateur. Ce statut recèle néanmoins des faiblesses. « Si les vignerons indépendants disposent d’exploitations de plus grande taille que celles des coopérateurs, leurs possibilités d’économies d’échelles sont limitées en comparaison avec les volumes réalisés par les coopératives viticoles grâce à la mise en commun de leurs moyens de production », résume le Crédoc dans la synthèse de l’étude.
L’urgence est au regroupement logistique
La confédération des vignerons indépendants tirera des enseignements précis de cette étude dès 2009 avec le lancement annoncé de plusieurs chantiers. Mais d’ores et déjà Michel Issaly, son nouveau président, conclut : « les vignerons indépendants doivent se regrouper ». Plusieurs pistes sont avancées par le Crédoc comme mutualiser la logistique, les frais commerciaux (pour démarcher l’export par exemple) voire les moyens de production. Face à la hausse du coût du carburant, l’urgence serait au regroupement logistique. « On réfléchit sur le sujet. Baisser les coûts de transport est un moyen pour avoir des prix un peu plus compétitifs. Mais ce n’est pas simple, il faudra trouver des partenaires logisticiens », analyse Michel Issaly.
Tous les vignerons indépendants ne sont pas armés de la même manière face à l’avenir. Le Crédoc a identifié pas moins de 10 typologies dans lesquelles se répartissent les 32 000 professionnels. La plus importante (dans laquelle se classe 1/4 de la profession), les « vraqueurs » AOC, se révèle aussi la plus fragile, selon le Crédoc. A ces vignerons indépendants, très dépendants du négoce, l’étude conseille de passer à la commercialisation en bouteille, de collaborer avec les MDD ou encore de « passer du côté du négoce, en intégrant cette activité ». Aux embouteilleurs AOC, mieux positionnés que les vraqueurs, le Crédoc recommande de se placer sur le créneau « premium » et « ultra-premium » et de mieux mettre en valeur la notion de vigneron indépendant.