Les salaires des cadres de l’hôtellerie-restauration
Le cabinet Michael Page, spécialiste du recrutement des cadres, vient de réaliser sa première étude fonctions-rémunérations dans l’hôtellerie, la restauration et le tourisme. Interviewé par « Néo Restauration », le directeur de cette branche recommande de « réévaluer les salaires et puiser dans d’autres filières ». « Il est clair qu’il y a pénurie à tous les niveaux, constate Thibault Cléry, et la restauration souffre de son image : des métiers assez peu rémunérateurs, mais exigeants en disponibilité, réputés contraignants, et avec de lourdes responsabilités. » Le poste de directeur de restaurant est le plus concerné, mais les salaires, en moyenne de 36 000 euros bruts en restauration indépendante et de 40 000 euros en restauration à thème, sont mis en balance avec ceux de fonctions égales dans d’autres secteurs. Un gâchis sévit au sein des groupes « où leurs meilleurs éléments à potentiel formés quittent trop souvent l’entreprise avant d’avoir gravi les échelons. » La restauration collective a un besoin non satisfait en responsables des grands comptes et en directeurs du développement. Pour ces deux catégories, les salaires moyens constatés de cadres confirmés sont respectivement de 60 000 euros et 100 000 euros et pour des cadres débutants de 44 000 euros et 70 000 euros.
Les profils commerciaux sont appréciés et tendent à importer des niveaux de rémunération propres à la distribution et au commerce. Le vivier des écoles hôtelières ne doit plus être le seul sollicité, « même si leurs réflexes de recruteurs les poussent encore à rechercher des clones », ose l’expert.
Les recrutements par le bouche-à-oreille ou à travers un réseau a fait son temps. Les groupes « se sont armés de responsables de recrutement venus d’autres secteurs, qui eux-mêmes ont apporté d’autres outils », se félicite Thibault Cléry, qui profite de cette évolution.
Le frileux, l’économe seront perdants, prédit-il, ses cadres soufflés par l’entreprise « qui saura proposer un salaire compétitif et des perspectives ». La restauration haut de gamme doit pour sa part retenir ses jeunes talents d’écouter les sirènes de l’étranger. Payer mieux, conclut l’expert, est un « investissement sur l’avenir ».
Dans Néo Restauration 7 euros, numéro de septembre 2008, interview pages 70 et 71 et édito de Paul Fidèle, rédacteur en chef.