Les protéagineux entrevoient de nouvelles opportunités
Loin de constituer une menace, les sous-produits des biocarburants se montrent complémentaires des protéagineux en alimentation animale. « Les drèches de distillerie et tourteaux de colza étant principalement destinés aux ruminants, leur impact sur l’incorporation des pois dans la ration des monogastriques devrait être limité, notamment pour le porc, principal utilisateur de telles graines », a déclaré hier le chercheur de l’Inra Bernard Sève, lors d’un colloque au Sia. « La faible valeur énergétique des sous-produits des biocarburants, la mauvaise digestibilité de leurs acides aminés, la variabilité de leurs valeurs nutritionnelles renforcent cette idée », a-t-il ajouté.
Le colloque, organisé par l’Inra, a mis évidence de nouvelles opportunités d’utilisation des protéagineux en alimentation animale. Mais, les disponibilités sont faibles, à 300 000 tonnes en France pour la campagne 2007/08. Les recherches engagées par l’institut s’attaquent aux verrous majeurs du développement de la production. Ses atouts sont nombreux. Pour les animaux monogastriques, les graines de protéagineux constituent aussi bien des sources d’énergie, du fait de leur teneur en amidon, que des sources d’acides aminés essentiels digestibles.
« L’amélioration de la qualité, par réduction des teneurs en facteurs antinutritionnels, et le développement de variétés plus riches en protéines digestibles devraient renforcer la position des protéagineux dans les matrices de formulation des aliments des poulets et des porcs », a estimé Bernard Sève. « Un autre atout des graines de légumineuses est de répondre positivement aux traitements technologiques simples, de mieux en mieux maîtrisés, tels que le broyage ou la granulation, leur permettant de rivaliser aussi bien avec les céréales, en tant que source d’énergie, qu’avec le tourteau de soja, en tant que source de protéines de qualité », a-t-il précisé. Reste à gommer le handicap que constitue leur déficit en acides aminés soufrés. Mais, des recherches à l’étranger ouvrent des pistes intéressantes.
Services écologiques
« Les protéagineux offrent de nombreux services écologiques, qui devraient être davantage valorisés pour construire de nouveaux modes de conduite plus durables, a pour sa part indiqué Marie-Hélène Jeuffroy (Inra Grignon). Dans cette optique, il ne faut plus seulement évaluer les systèmes de culture en fonction de la productivité. » L’insertion de légumineuses dans les rotations présente de nombreux avantages environnementaux. Elles permettent de réduire significativement l’utilisation d’engrais azotés et d’énergie fossile, d’alléger les émissions de gaz à effet de serre, de diminuer de développement des mauvaises herbes, maladies et ravageurs fréquemment observés dans les rotations dominées par les céréales et le colza. Elles requièrent aussi moins d’eau que les autres cultures d’été. Tous ces bénéfices sont particulièrement notables à l’échelle de la succession des cultures. Même la marge brute se défend, en se basant sur les rotations. Mais, l’agriculteur raisonne davantage à court terme.