Les produits laitiers dans la tourmente des prix
Le dossier sur la flambée des prix publié par le magazine 60 millions de consommateurs, à l’impact médiatique considérable, n’est pas tendre avec les produits laitiers. Même si la méthodologie de l’enquête reste très discutable (les prix ont été relevés sur cinq sites internet d’enseignes différentes, et sont loin de constituer une moyenne nationale), le mal est fait.
Le directeur délégué de l’Atla (coopératives et industriels du lait) se défend de hausses injustifiées, les augmentations étant difficiles à éviter quand le lait, très présent dans la composition des produits, voit ses prix flamber. Jehan Moreau s’interroge plutôt sur la responsabilité des enseignes puisque selon le Cniel (interprofession laitière), de 2003 à 2006, le prix de vente sortie usine des produits laitiers a chuté de 7 à 8 % pendant que les prix de vente consommateurs « ont été pratiquement stables ». Et en 2007, la hausse du prix du lait n’a été répercutée « que partiellement » dans leurs prix de vente par les industriels , qui ont dû rogner sur leurs marges.
Difficile de résister à la pression de l’opinion
Le secteur laitier, qui a traversé plusieurs années très difficiles, retrouve tout juste un équilibre fragile. Les professionnels dénonce nt une confiscation de la marge par la grande distribution et attendent peu des mesures annoncées par le gouvernement, qui a lancé hier une « opération coup de poing » pour voir « où se situent les abus ». La filière ne peut que constater, en plein salon de l’Agriculture, que le maintien de la production et de la rémunération, salué par les pouvoirs publics, résiste difficilement à la pression de l’opinion, surtout à quelques jours des échéances électorales. Le ciel pourrait s’assombrir un peu plus avec la réforme esquissée par le rapport Hagelsteen, qui préconise l’autorisation de la négociabilité des tarifs, et offre par voie de conséquence un formidable pouvoir de négociation aux enseignes.
Si l’on ajoute, dans un tout autre registre, la progression du dossier des profils nutritionnels (plutôt préjudiciables aux produits laitiers), les nuages s’amoncellent au-dessus des produits laitiers, qui ont jusqu’ici bien résisté.