Les producteurs laitiers amers et révoltés
Le projet de «rationalisation» de la PAC présenté mardi à Bruxelles n'a pas tardé à faire réagir la Fédération nationale des producteurs de lait. Réunie mercredi pour son traditionnel Conseil national, elle a été confortée «dans une attitude amère et révoltée» et n'a pu que constater l'écart entre sa position et celle de Bruxelles. «Le seul objectif affiché c'est une baisse de prix au niveau du producteur» a observé le président de la FNPL Henri Brichart, alors que les récentes hausses de prix ont sorti les producteurs de plusieurs années difficiles. Quand aux quotas, que la Commission souhaite augmenter progressivement et mécaniquement avant leur disparition totale, les producteurs réclament plutôt un dispositif flexible. Il pourrait tenir compte des perspectives annuelles, et modulerait les volumes autorisés à la hausse ou à la baisse.
Des réflexions sur cette proposition vont débuter dans les semaines qui viennent, avec la possible naissance d'un axe franco-allemand, auquel la Grande-Bretagne pourrait participer. «Tant que les quotas sont là, ils doivent jouer un rôle. S'ils n'existent plus, on remet du pouvoir dans les mains des entreprises» juge le président de la FNPL.
Le bilan de santé de la PAC inquiète également sur le volet des DPU, avec des propositions de modification du régime actuel. «Le secteur laitier risque de trinquer en premier, et le plus fort» prévient M. Brichart. Ces problèmes interviennent dans une situation tendue sur le prix de la matière première. Les transformateurs commencent à s'interroger sur leur approvisionnement en lait, une situation impossible à imaginer il y a encore un an, tandis que la grande distribution ne veut pas entendre parler de hausses de prix.
Au niveau du premier maillon (production/transformation), la tension actuelle pourrait accélérer les discussions sur la contractualisation, un moyen de stabiliser les écarts de prix. Des travaux doivent être menés sur le sujet cet hiver. Concernant la répercussion des hausses au niveau de la distribution, «nous serons réactifs à 200% si il y a des remises en cause des prix attendus» avertit la FNPL, qui laisse planer la menace d'un gros coup de colère des producteurs.