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Les porcs lourds victimes de la nouvelle grille de paiement

La FNP souligne les insuffisances de la nouvelle grille. Négociée dans le Grand Ouest, elle handicape les éleveurs des régions productrices de porcs lourds.

« Les producteurs de porcs lourds sont complètement déstabilisés par la nouvelle grille de paiement, a déclaré mercredi Jean-Michel Serres, président de la Fédération nationale porcine (FNP), lors d’une conférence de presse. Cela constitue une menace pour certaines démarches qualité, du type jambon de Bayonne ou jambon de Lacaune. » La FNP attend avec impatience une rencontre avec les abatteurs pour faire un premier bilan du nouveau dispositif de paiement des porcs charcutiers.

Le 18 décembre, un changement de grille est intervenu, avec le resserrement de la gamme de poids de 75/100 kg à 80/102 kg et la création d’un cœur de gamme entre 85 et 95 kg. Ses résultats sont globalement conformes aux attentes dans la zone Uniporc Ouest. La plus-value payée aux producteurs y avoisine les 10 centimes en moyenne. Mais, elle tombe rapidement pour les bêtes bien grasses. « Les choses tournent très mal dans les régions habituées à produire du porc lourd, comme le Sud-Ouest ou Rhône-Alpes, a-t-il souligné. En Midi-Pyrénées, la plus-value est inférieure de 3 à 4 centimes à la moyenne Uniporc Ouest. Tout cela car la grille de paiement n’est pas été adaptée aux spécificités régionales. Soit on rectifie le tir très rapidement, pour continuer à fournir des carcasses lourdes, soit la production s’oriente vers le standard, et je ne sais pas comment tournera la filière du jambon de Bayonne. »

Ecarts de plus-value

Le conseil d’administration de la FNP s’est interrogé mercredi sur d’éventuels ajustements de la grille. Y a-t-il intérêt à maintenir un cœur de gamme dans les régions à faible densité porcine ? Ce dispositif augmente le nombre de lots, d’où des frais de ramassage supplémentaires dans des zones déjà pénalisées sur ce poste. Quelles peuvent être les adaptations en élevage ? « De gros écarts de plus-value sont observés : certains producteurs sont à 17 centimes, d’autres à 0, a signalé Jeff Trébaol, vice-président de la fédération. Des adaptations sont nécessaires, notamment en ce qui concerne le tri des animaux envoyés à l’abattoir.»

La nouvelle grille semble bien calibrée pour le porc standard. Son évolution répond à l’automatisation des unités de découpe et à l’usage de barquettes en grande distribution. Mais, elle apparaît mal adaptée à d’autres débouchés. « Les difficultés liées au changement de paiement posent des questions sur l’organisation commerciale et les rapports de force au sein des filières, a estimé Jean-Michel Serres. Il est anormal que des IGP ne permettent pas de bien valoriser le produit. Ces filières sont dans l’incapacité de répercuter les hausses de coûts de production. » Pour Jeff Trébaol, chaque interprofession régionale hors zone Uniporc doit renégocier la grille de paiement. Il dénonce aussi « la course au maigre » chez les éleveurs, qui irait à l’encontre des besoins du marché. « Les abatteurs doivent se mettre d’accord sur le type de carcasses souhaité, a-t-il lancé. Qu’ils nous donnent des fourchettes pour les mesures de gras G1 et G2 et de muscle M2. »

Par ailleurs, la FNP a annoncé le lancement d’un pacte de développement durable. Son contenu sera dévoilé lors de l’AG des 4 et 5 avril à Rennes. « Pour rester dans la course, la production porcine doit se restructurer, se moderniser, rénover ses installations, accroître ses moyens de recherche et d’innovation et créer des emplois dans un secteur qui en a cruellement besoin», a expliqué Jean-Michel Serres. Bonne nouvelle : le Plan bâtiment porcin est sur le point d’être validé par Bruxelles.

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