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Les pommes polonaises inquiètent le Limousin

L'embargo russe, décrété en août par Vladimir Poutine suite à la crise ukrainienne, influence la filière de la pomme du Limousin. Conséquences : baisse des prix et engorgement des marchés.

Alors que la récolte 2014 s'est révélée de très bonne qualité, les producteurs de pommes du Limousin sont contraints par l'embargo russe, sur les fruits et légumes européens, à chercher d'autres marchés. De fait, la Russie, dont les préférences visuelles et gustatives vont vers des pommes de petits calibres pas forcément appréciés sur les marchés européens, constituait un débouché substantiel pour la région Limousin : 18 % de la valeur de ses exportations de pommes. En 2011 et 2012, ce marché russe représentait quelque 11 000 tonnes ” pour les coopératives limousines. Les professionnels sont unanimes, la fermeture du marché ne constitue pas un réel risque en lui-même. C'est plutôt un engorgement des marchés européens par un effet domino qui est à craindre. La Pologne, premier producteur de pommes en Europe, en exportait, jusqu'en août dernier, 500 000 tonnes vers la Russie, et c'est l'invasion de ces pommes invendues qui risque de déstabiliser complètement les marchés. À elle seule, la Pologne produit 20 % des 7,5 millions de pommes européennes annuelles.

Des problèmes même au grand export

Moins 20 centimes par kilogramme

Yves Chauffaille, président de la coopérative Perlim, a fait le calcul : le manque à gagner pour la région Limousin serait de 20 millions d'euros. « La perte est de 20 centimes net producteur, cela correspond au prix de vente, on perd 20 centimes par kilogramme ce qui est considérable ! » Pour lui, ce sont 300 millions d'euros qui vont être perdus pour la France.

Au niveau national, la décision a été prise de ne récolter que les fruits susceptibles d'être vendus. De ce fait, les calibres trop petits ont été évincés des récoltes. « Cette décision a été prise pour ne pas risquer de se retrouver en concurrence avec les pommes polonaises », précise-t-on chez Perlim qui a acté cette décision. Avec une récolte 2014 magnifique et un tri à la cueillette plus drastique, Perlim se retrouve avec peu de pommes de catégorie 2 (qui auraient pu se retrouver sur le marché russe). Le résultat se fait sentir sur les volumes, et Perlim enregistre cette année des tonnages en chute de moins 15 à moins 20 %. « Nous avons une très belle récolte, ça aide. Mais avec des prix juste au-dessus du prix de revient nous n'avons qu'une crainte, celle de devoir baisser encore les prix sous la pression des marchés. »

« La récolte 2013 avait débuté avec quinze jours à trois semaines de retard, et l'arrivée de l'embargo en août a accru ce retard », raconte Béatrice Chauffaille, responsable de la communication chez Perlim. L'alourdissement du marché mondial de la pomme est le fait d'un effet de vases communicants. L'Italie, deuxième producteur européen, se montre de plus en plus offensif sur le marché espagnol, en concurrence directe avec la France. « Même au grand export où l'on pensait que cet em-bargo n'aurait pas d'incidence, la filière rencontre des problèmes », explique Béatrice Chauffaille. La pression sur les prix déséquilibre les marchés. Petit espoir toutefois : la réouverture du marché américaine fermé depuis dix ans, annoncée le 3 février par le ministère de l'Agriculture. À suivre.

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