Les places financières se disputent les marchés agricoles
Les bourses internationales veulent étendre leur offre de marchés à terme, au vu de l’attrait croissant des producteurs pour ces outils de couverture de risque prix.
Auparavant gérés par Euronext, les marchés à terme des pommes de terre, des porcelets et du porc sont entrés dans le portefeuille de la place financière allemande Eurex. Depuis le 20 juillet dernier, la bourse à terme internationale basée à Francfort a élargi son offre avec ces produits agricoles. Cette démarche s’inscrit dans sa stratégie de couvrir tous les secteurs de l’économie. Eurex a préparé son entrée dans ce segment en menant des entretiens avec des acteurs du marché, surtout allemands et néerlandais, qui semblent exprimer un grand intérêt. Eurex prévoirait d’ores et déjà d’étendre son périmètre à d’autres produits dérivés de l’agriculture l’année prochaine. Aux États-Unis, la place de Chicago, plus ancienne place de marché et première pour les céréales s’agissant des contrats à terme et d’options, lorgnerait sur les marchés à terme du cacao, du sucre et du café gérés actuellement par la Bourse de New-York. Depuis la flambée du prix des matières premières en 2007 et la baisse qui a suivi, les producteurs montrent un intérêt grandissant pour ces outils de couverture de risque prix. Cela n’a pas échappé aux Bourses internationales des marchés à terme mais aussi aux fonds d’investissement qui viennent créer de la spéculation et ajoutent à cette volatilité. Selon Michel Portier, les places de marché, « encouragées par les pouvoirs publics », ont emboîté le pas aux banques « pour promouvoir à leur tour de nouveaux marchés à terme ». « Loin de favoriser un renchérissement des prix salutaire pour l’amont de la filière, cette financiarisation crée à son tour un nouveau risque, systémique celui-là. Car ces outils, s’ils permettent de sécuriser les marges sous certaines conditions, sont d’une grande complexité », explique-t-il.