Les pêcheurs français mécontents de l’accord sur les quotas
Hier, les ministres européens de la Pêche se sont mis d’accord, après une nuit de débats, sur les plafonds de captures par espèces et les quotas de pêche de chaque pays dans les eaux communautaires pour 2005. Cette joute annuelle présentait la nouveauté cette année de se faire à 25 et l’Europe a montré qu’elle pouvait fonctionner avec autant de membres, puisqu’il y a eu quasi-unanimité sur le compromis à l’exception de la Lituanie qui a voté contre. La Commission européenne qui avait préconisé début décembre des réductions drastiques de la pêche a cédé sur un certain nombre de propositions et notamment sur son projet controversé de fermer une vaste partie de la mer du Nord à la pêche au cabillaud. Seules deux zones seront effectivement interdites pour la pêche au cabillaud pendant une partie de l’année 2005, dans la partie orientale de la mer Baltique, d’où l’opposition lituanienne au compromis final, ainsi qu’en mer Celtique.
Des concessions dures à avaler
L’Espagne, grande gagnante de la négociation, a obtenu le retrait d’autres projets de fermetures pour la pêche à la langoustine au large de ses côtes. Mais du côté français, les pêcheurs s’estiment perdants. « On y laisse chaque année quelque chose. On voit bien que le Commissaire a besoin de garder la tête haute vis-à-vis des écolos », s’emportait, hier, Pierre-Georges Dachicourt, président du Comité national des pêches et des élevages marins (CPMEM), joint par téléphone à Bruxelles où il suivait de près les débats. La seule note vraiment positive de ce Conseil c’est le niveau du plafond de captures d’anchois dans le Golfe de Gascogne fixé à 33 000 tonnes, soit 10 % de moins que l’an passé contre les 85 % souhaités par Bruxelles.
Ce que déplore essentiellement Pierre-Georges Dachicourt c’est la restriction faite aux pêcheurs sur le nombre de sorties en mer autorisées. Pour les pêcheurs de cabillaud, l’accord retire un jour par mois sur toutes les zones concernées, à l’exception de l’ouest de l’Ecosse. Dans cette région, la réduction sera de deux jours. Autre concession faite par Paris : la réduction de l’effort de pêche sur la sole de la Manche, où le nombre de sorties en mer jusqu’alors non régulé sera limité l’an prochain à 20 jours par mois. Sur les espèces de grands fonds (grenadier, sabre noir, lingue bleue, requin d’eau profonde), Pierre-Georges Dachicourt dénonce la baisse des quotas de 15 % et surtout la réduction de 10 % du nombre de sorties mensuelles en mer autorisées pour les bateaux de pêche. « Sur 10 bateaux, cela veut dire qu’il y en a un qui reste au port. Or on a construit des bateaux neufs, voilà deux ans pour un investissement de 20 M Eur. Intermarché en a construit trois qui doivent sortir cette année », explique-t-il. Déçu par ce résultat particulièrement négatif pour les pêcheries du Nord de la France, M. Dachicourt n’en blâme pas pour autant Dominique Bussereau, qui « a sauvé l’essentiel des choses ».