Les militants de la cause animale s’en prennent à l’industrie avicole
Ghislain Zuccolo avait pourtant prévenu. « J’aimerais bien que (l’année prochaine), on se concentre sur les problèmes liés à l’élevage intensif, notamment des poulets de chair», avait menacé le directeur en France de la «Protection mondiale des animaux de ferme» (PMAF), lors des Estivales de la cause animale, en août 2003. L’association, l’une des plus virulentes dans ce domaine (lire à ce sujet Viande Magazine n°4, à demander au journal) est passée à l’acte cet été, en lançant le 19 juillet dernier à Paris une campagne contre les souffrances dont souffriraient les gallinacés en élevage intensif. « Cela fait plus d’un an que l’on prépare cette action, confirme un responsable de l’association, dont le siège est implanté à Metz. Nous sommes allés à la rencontre des passants dans la capitale, puis dans d’autres villes de province (Amiens, Dijon, Lille, Rouen, etc). La campagne doit se poursuivre dans d’autres villes en septembre et en octobre.»
L’association a surtout réussi à faire parler de son combat en cédant aux chaînes de télévision des images-choc filmées dans des élevages avicoles de « sept pays de l’Union européenne», assure la PMAF. Une méthode déjà bien rôdée par l’association (elle avait déjà diffusé des images dénonçant les conditions d’accueil des animaux sur les marchés) et qui s’est une nouvelle fois révélée payante. Les images ont été reprises cette fois par TF1, France 2 ou encore Arte, portant une nouvelle fois un rude coup à l’image de l’élevage industriel. Interrogée sur l’origine de ces élevages -dont certains paraissent effectivement bien mal entretenus-, l’association refuse pourtant de répondre. « Il ne s’agit pas de dénoncer tel ou tel, enchaîne le responsable, mais bien de montrer que les mauvaises conditions d’élevage ne sont pas particulières à un pays mais sont les différentes facettes d’un problème global».
Le bon timing?
Le timing choisi n’est bien sûr pas un hasard. La Commission prépare en effet une directive sur l’amélioration des conditions d’élevage des poulets de chair. Les projets de texte sont actuellement soumis aux différents services. Si l’on est encore loin d’un vote au Parlement, l’association a donc choisi son moment pour interpeller l’opinion publique.
Le monde français de l’élevage n’a en tous cas guère apprécié la méthode. « Ces images sont extraites de leur contexte et pas représentatives des élevages français», s’indigne-t-on à la Confédération française de l’aviculture (CFA). Le Comité de liaison de la volaille de chair, qui rassemble éleveurs et industriels a même écrit à Hervé Gaymard pour déplorer « une campagne calomnieuse» et dénonce l’utilisation faite par la PMAF d’une étude de l’INRA sur le bien-être des animaux (lire encadré). « Il est scandaleux de présenter l’élevage français de cette manière alors que les contrôles des services vétérinaires français sont parmi les meilleurs au plan international que ce soit au niveau des élevages ou des entreprises.,ont-ils écrit au ministre de l’Agriculture le 23 juillet dernier.
Un représentant syndical agricole n’hésite d’ailleurs pas à affirmer qu’une telle campagne fait le jeu des productions extra-communautaires, qui ne sont pas soumises aux mêmes exigences qu’en Europe.