Les menus sans viande inquiètent la filière
Une logique de soumission à la pression communautariste va-t-elle priver les écoliers lyonnais de viande ? Alors que la mairie de Lyon a annoncé cette semaine son souhait de substituer les menus sans porc à des menus sans viande (voir LM du 3 octobre), à partir de septembre prochain, les professionnels de la filière s'interrogent. «Cette mesure risque d'avoir un impact important sur le chiffre d'affaires des chevillards lyonnais, notamment ceux spécialisés dans les abattages Halal», commente Etienne Fillot, président de Beviralp, l'interprofession bovine régionale. En effet, les abattages rituels représentent à Lyon 30% des volumes totaux traités. «Au-delà des répercussions immédiates sur la filière, on risque aussi, à plus long terme, de déshabituer une partie de la population à la consommation de produits carnés.»
Alternative insatisfaisante
Pourtant le président de Beviralp sait se remettre en question: «Les parents d'élèves de confession musulmane n'ont pas confiance dans le contenu des assiettes de leurs enfants à la cantine. Ils pensent à tort que la viande servie n'a pas été abattue selon le rituel traditionnel où dans le pire des cas que certaines recettes contiennent du porc. Même si depuis plusieurs années, la filière a mis en place une traçabilité complète de la chaîne, il reste certainement encore des efforts à faire pour convaincre la population de notre professionnalisme».
Du côté du CCC (Comité de coordination des collectivités) qui rassemble les professionnels des restaurants collectifs en gestion directe, Jean-Louis Germain, président, estime que la profession a «un principe immuable d'éducation alimentaire. Dans ce cadre, nous préconisons à nos adhérents de mettre en place pour les plus petits, comme cela se fait déjà en collège ou lycée, des repas à choix multiples pour l'entrée, le plat, l'accompagnement et le dessert. L'alternative de créer 2 menus, avec ou sans viande, n'est pas satisfaisante à notre avis», note Jean-Louis Germain, président du CCC. Si les préoccupations restent nombreuses dans l'esprit de l'ensemble de la filière, un espoir subsiste néanmoins quant à la réalisation de ce projet.
En effet, pour l'instant, les élus municipaux lyonnais n'ont pas encore voté l'appel d'offre du marché de restauration concédée de la ville qui débutera en août 2008 pour une durée de 4 ans. La question devrait être discutée au prochain conseil municipal qui aura lieu dans le courant du mois de novembre. D'ici là, l'interprofession bovine locale espère pouvoir rencontrer un représentant municipal pour exposer son point de vue.