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Les matières premières agricoles résistent à la crise financière

La crise financière qui a sévi ces quinze derniers jours sur la planète financière (et touché également de plein fouet les cours des métaux) n'a affecté que partiellement les matières premières agricoles. Si ces dernières sont désormais des valeurs convoitées par les hedge-funds, les forts mouvements baissiers n’ont eu de conséquences significatives que sur les marchés à terme les plus sensibles, les fondamentaux (récolte, météo, etc.) demeurant la cause principale des évolutions des cours dans le secteur, estimaient hier les observateurs des bourses internationales.

Quelques produits exotiques, comme le café ou le cacao, font cependant exception et ont fait l'objet de liquidations massives ces derniers jours. Les cours du cacao se sont ainsi repliés vendredi dernier vers leurs niveaux de février dernier à Londres et, à New York, les prix sont passés sous les 1 800 dollars pour la première fois depuis la mi-mars. «Le fléchissement des cours était presque entièrement attribuable aux effets de la faiblesse des marchés financiers, alors que les fonds d'investissement internationaux ont liquidé leurs positions sur l'ensemble des marchés», a expliqué dans une note à ses clients Stéphanie Garnier, analyste à la maison de courtage Sucden.

Bientôt la « chasse aux bonnes affaires ? »

Les prix pourraient cependant bénéficier à court terme de l'effet « chasse aux bonnes affaires » de la part des industriels - c'est-à-dire de ceux qui traitent le cacao comme une marchandise alimentaire et non comme un actif financier - une fois qu'ils auront atteint des niveaux attrayants. Même causes et même effets sur les cours du café, qui ont pourtant mieux résisté, tombant à leurs niveaux de la mi-mai à Londres et de la mi-juillet à New York. «Les prix actuels sont clairement intéressants pour les industriels (...). Quand les liquidations des fonds cesseront, nous verrons un rebond des cours. Le problème est de juger de l'ampleur de la distorsion qu'ont subie les prix à cause de l'argent des fonds», explique Ralph Hawes, analyste chez Sucden.

Les cours du sucre ont également sensiblement baissé la semaine dernière, le sucre chutant à un plus bas depuis deux ans à Londres. Le prix d'une tonne de sucre blanc pour livraison en octobre a chuté jusqu'à 273,50 livres vendredi, un prix plus vu sur un contrat rapproché depuis le mois de juin 2005, avant de se redresser légèrement.

Si la responsabilité de la crise financière et l'intention des opérateurs de réduire leur exposition au risque n'est pas à écarter, d'autres facteurs plus lourds semblent avoir joué dans cette baisse. Les opérateurs financiers évoquent notamment la baisse des cours du pétrole brut la semaine dernière, sur lesquels le sucre-éthanol est en partie indexé. Mais ce sont surtout les fondamentaux du marché du sucre « qui ne sont pas très bons », relève Olivier Cassard, du service économie de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB). Depuis les sommets historiques atteints en février 2006 liés au déficit mondial de sucre, la correction à la baisse est régulière (9 cents aujourd'hui, contre 18 à 19 à l'époque). « Les prix avaient plus que doublé, il y a eu depuis une inversion de tendance, avec les grosses récoltes observées ces dernières campagnes. »

Le blé épargné

Dans le même temps, une partie des opérateurs purement spéculatifs ont quitté le marché, celui-ci redevenant un « marché d'acteurs ». Ces dernières heures, des facteurs conjoncturels plus favorables (récolte brésilienne plus faible que prévue, inquiétudes liées aux dégâts provoqués par l'ouragan Dean sur les cultures dans les Caraïbes (lire ci dessous) ont d'ailleurs redonné quelques couleurs aux cours du sucre.

Enfin, il est à noter que les cours des céréales, aux plus hauts en France, sont restés quant à eux tout à fait à l'abri de la crise des « subprimes ». L'environnement reste particulièrement haussier pour la filière céréalière et les fondamentaux jouent à plein : stock mondial de blé au plus bas depuis 1981, une consommation supérieure à l'offre, recul des productions dans l'Union européenne et les pays de la Mer noire.

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