Les marchés aux bestiaux planchent sur la traçabilité
C’est à Réquista, où se trouve le plus grand marché ovin français (110 000 têtes échangées en 2004), que le bureau de l’AEMB s’est réuni lundi pour « travailler sur la mise en œuvre de la réforme de l’identification et de la traçabilité des ovins et caprins», une démarche européenne, initiée suite à la fièvre aphteuse de 2001, qui s’est concrétisée par un règlement (CE 21/2004) adopté le 17 décembre 2003.
« Il s’agit d’une stratégie sanitaire globale qui suit deux axes principaux, explique Martial Pineau, chef du bureau de l’identification et du contrôle des mouvements des animaux à la DGAL. D’une part la santé publique et la protection du consommateur, d’autre part, la santé animale qui passe par la prévention et l’éradication de maladies enzootiques telles que la brucellose, la tuberculose, l’ESB, etc». La filière française doit en effet se préoccuper aujourd’hui de la fièvre catarrhale ovine, qui remonte d’Espagne et du Portugal, transportée par des insectes, et qui pourrait atteindre les élevages du sud de la France d’ici deux ans. Ce type d’épizootie (qui touche aussi les bovins) nécessite la mise en place rapide d’un périmètre de protection de 150 km de rayon à partir du foyer d’infection, au sein duquel tous les mouvements d’animaux sont interdits.
Une chaîne d’information dès le 9 juillet
Seule une traçabilité de l’animal, permettant de savoir combien de bêtes ont été en contact avec l’individu malade, à quel endroit (élevage, centre d’allotement, marché…), pendant combien de temps et où elles sont parties, peut permettre de réagir vite, de retrouver et retirer les « produits à risques » de la chaîne de production et d’éviter une catastrophe sanitaire, telle que celle vécue il y a quelque temps par le Royaume-Uni.
Dès le 9 juillet 2005, tous les ovins devront ainsi être identifiés avec deux boucles auriculaires classiques ou une classique et une électronique. Seules les bêtes abattues en France avant 45 jours pourront n’avoir qu’une seule boucle. A la même date, chaque maillon de la filière devra tenir un registre indiquant, pour chaque lot d’animaux, les dates d’entrée et sortie, le nombre de bêtes, la structure d’où ils proviennent et celle où ils se dirigent, ainsi que le nom du transporteur et le numéro d’immatriculation du véhicule. A chaque déplacement, les ovins devront être suivis d’un document de circulation reprenant ces données. Une chaîne de l’information sera ainsi mise en place.
A partir du 1er janvier 2008, les choses se compliquent. Le registre devra indiquer, en outre, le code individuel de chaque animal, l’année de sa naissance, la date de son identification et sa race. D’où l’obligation de procéder à une identification électronique des animaux, obligatoire elle aussi dès 2008, à condition que les rapports concernant son application, rédigés suite aux expérimentations qui sont en cours actuellement et qui doivent être rendus avant le 30 juin 2006, indiquent que la filière peut tenir cette date. Il faut d’ailleurs noter que la perte de son identification par un animal entraîne une enquête au cours de laquelle son détenteur doit fournir les documents prouvant sa traçabilité. Dans le cas contraire, l’animal doit être détruit, aux frais du détenteur.
Cinq projets pilotes testent actuellement l’identification électronique en France, regroupant 150 000 brebis et agneaux. Il s’agit ici de tester les boucles, les puces, les portiques, les antennes, la lecture par PDA… de l’élevage à l’abattoir. Restera à tenir compte du coût de la démarche, une boucle électronique coûtant actuellement environ 1,50 euro, et de la compatibilité des systèmes mis en place dans chaque État européen concerné, qui sera dès lors indispensable pour les échanges de bétail intra-communautaires et la sécurisation sanitaire de l’Union européenne.