Les investisseurs russes ont soif de Cognac
Entre vignes, maisons, ou entreprises de production, les investisseurs russes manifestent un intérêt grandissant pour l’univers du Cognac, devenu le 6e marché à l’export pour le produit, juste devant Hong-Kong. Ainsi de KIN, un des leaders de la vodka, qui a créé l’an dernier sa propre marque à Touzac (16), mais aussi du groupe moscovite MVZ qui a racheté en juillet dernier le producteur Jenssen de Bonneuil. Cet engouement fait l’affaire de petites entreprises qui écoutent d’une oreille complaisante les propositions de rachat de la part des nouveaux maîtres de la Russie. Il faut dire que ceux-ci ont de quoi impressionner : ils débarquent volontiers en jets privés avec leur interprète. Le marché russe du Cognac a augmenté de 17,6 % l’année dernière, et les envois de plus de 40 % de 2004 à 2006. Sur les douze derniers mois, le BNIC comptabilise quelques 780 000 bouteilles exportées mais conserve un œil prudent sur le phénomène. Le Bureau réfléchit à la mise en place d’un nouveau certificat d’appellation, destiné à éviter les contrefaçons de plus en plus nombreuses. Car l’arrivée des Russes soulève quelques craintes dans le vignoble, au regard de la mauvaise réputation du pays dans le domaine des affaires. La Charente craint en effet que des acheteurs de vignes se servent de leurs hectares charentais pour justifier une production de faux Cognac qui prolifère actuellement sur le marché parallèle russe. D’autant plus que là-bas, la protection des noms ou enseignes est loin d’être aussi efficace qu’en France, et fort éloignée des règlements de l’OMC. Au BNIC, on reste cependant serein. Aucun comportement suspect n’a été relevé sur ce sujet, et ces transactions pourraient faire évoluer une législation bénéfique aux exportations.