Les industries alimentaires de l’UE réduisent leurs effectifs

Avec 815 milliards d'euros de chiffre d'affaires et quatre millions de salariés, l'industrie agroalimentaire est un important pilier de l'économie européenne. « Le défi pour notre industrie est de maintenir et même améliorer nos performances », déclare Jean Martin, président de la Confédération des industries agroalimentaires de l'Union européenne (CIAA) en introduction d'une brochure regroupant les dernières statistiques du secteur (à retrouver en intégralité sur notre site www.lequotidienlesmarches.fr). Selon lui, la clé du développement futur du secteur sera la compétitivité. Or « le secteur souffre de nombreuses faiblesses auxquelles on doit s'attaquer de manière frontale. Il s'agit des modestes dépenses en recherche et développement (ndlr : 0,24 % des dépenses en 2001), du faible niveau de la valeur ajoutée et d'une participation à l'expansion des marchés agroalimentaires mondiaux insuffisante », estime Jean Martin.
Conscientes de leurs faiblesses face à la vive concurrence internationale, les industries agroalimentaires ont commencé à réagir, les premiers pénalisés étant les salariés. Entre 2003 et 2004, l'emploi a reculé de 4,9 % sur le secteur. Depuis 2001, l'industrie agroalimentaire européenne a réduit de plus de 11 % ses effectifs. Dans le même temps, la croissance du chiffre d'affaires n'a été que de 3,8 % et de 2 % entre 2003 et 2004.
Irlande et Lettonie font exception
Par pays, on peut citer le cas de la France qui a réduit de 0,6 % ses effectifs entre 2003 et 2004 alors que son chiffre d'affaires progressait de 1,5 %. Les tendances sont respectivement de -1,9 % et +1,9 % pour l'Italie, de -1,8 % et +4,8 % pour l'Espagne, de -1 % et +1,8 % pour l'Allemagne. Les pays de l'Est ne sont pas épargnés par le phénomène, bien au contraire. Le nombre de salariés dans l'industrie agroalimentaire a diminué de 9,1 % en Slovaquie, 7,8 % en Hongrie et seulement 0,9 % en République tchèque. Dans ce tableau sombre européen, seuls deux pays se démarquent : l'Irlande (+2,8% pour un CA en hausse de 3,8 %) et la Lettonie (+10,6% pour un CA à +13,1 %).
Les chiffres de la CIAA montent aussi que le manque de compétitivité des IAA européennes s'est traduit depuis 2002 dans l'évolution de la balance commerciale. Entre 2002 et 2004, le solde du commerce réalisé avec des pays tiers a décru de 37 %. Une tendance qui semble s'être inversée début 2005. Selon les statistiques transmises par la CIAA, au premier semestre 2005, la balance du commerce extra-communautaire a progressé de 29 %. Ce phénomène s'explique par la hausse des exportations vers l'Asie (+6%) et la CEI (+11,9%) et par la baisse des importations en provenance du Mercosur (-13,1 %).