Les idéaux et le reste
Nicolas Sarkozy a reçu un accueil chaleureux au Space qui s'est terminé vendredi dernier à Rennes. Quels enseignements tirer de cette première intervention, attendue à juste titre avec beaucoup d'impatience ? D'abord qu'elle ne fut pas très riche en annonces concrètes, à l'exception de l'ébauche d'un calendrier de la réforme de la PAC. De ce point de vue, ceux qui attendaient un discours-programme ont été déçus. Mais on a compris que Nicolas Sarkozy entendait faire connaître sa vision générale de l'agriculture et dessiner les principales orientations de sa politique future. De ce côté, on en apprit un peu plus. D'abord que les principales décisions seraient prises, si certains en doutaient encore, en étroite concertation avec le syndicalisme majoritaire. Le Président de la République n'a pas été avare en démonstrations de complicité à l'égard de « Jean-Michel », le président de la FNSEA, qu'il a particulièrement honoré en effectuant sa première sortie agricole lors de « son » salon. Sur le fond, les responsables agricoles ont manifestement apprécié que l'on s'adresse à eux comme à d'authentiques chefs d'entreprises et à des acteurs économiques d'avenir, ce dont ils avaient fini par douter à force de vouloir les cantonner à la décoration du paysage. Le public a ovationné le Président de la République lorsqu'il lui a promis qu'il œuvrerait pour que les agriculteurs vivent de prix et non de primes. Cette promesse fait bien sûr l'unanimité. Mais elle ne doit pas faire occulter le fait que l'on est aujourd'hui fort loin du compte. Et que si l'on supprimait demain les subventions européennes, l'élevage français de ruminants serait rapidement condamné. En politique agricole, il y a les idéaux et il y a les réalités du compte d'exploitation.