Les habitudes alimentaires s’acquièrent « à l’âge de 2-3 ans»
Si l’on ne donne pas une alimentation variée à un enfant, il est peu probable qu’à l’âge adulte il diversifie ses repas, selon les résultats d’une étude menée à Dijon depuis 1982. « Nous avons recherché pourquoi un enfant, puis ce même enfant devenu adulte, mange ce qu’il mange», explique Vincent Boggio, maître de conférences en physiologie à l’Université de Bourgogne, qui a lancé ce programme. De 1982 à 1999, les scientifiques ont noté les choix de 418 enfants, de 2 à 3 ans fréquentant la crèche du personnel du CHU, entre les différents plats qui leur ont été présentés pendant une centaine de déjeuners. Les produits animaux (viande, poisson, œufs) et les féculents ont eu leur préférence. Les légumes étaient moins demandés. En 2001 et 2002, ces premiers travaux ont été exploités par une thésarde de l’Inra. Sophie Nicklaus a retrouvé 341 «anciens» de la crèche du CHU, âgés de 4 à 22 ans. Leurs préférences alimentaires ont été comparées à celles qu’ils avaient à 2-3 ans, en prenant aussi en compte leur âge, leur sexe, leur corpulence ou la profession de leurs parents. Les choix de l’enfance ont déterminé les préférences futures, montre l’étude. A la surprise des chercheurs, la corpulence et la profession des parents sont sans effet sur les choix alimentaires. L’étude se poursuit aujourd’hui pour savoir comment les petits enfants acquièrent leurs goûts. Les premiers résultats ont montré que les enfants allaités plus longtemps diversifiaient davantage leur alimentation.