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Les éleveurs fermiers de Loué en font-ils trop ?

A leur assemblée générale, les Fermiers de Loué se sont montrés fiers de placer leur curseur toujours plus haut. Une stratégie qui butte sur l’étourdissement des consommateurs.

Un millier d’éleveurs de Loué a rempli une halle du parc des expositions du Mans jeudi dernier pour une assemblée générale placée sous le signe de la syllabe « ré ». « Ré » comme « référence », « réactif » ou encore « référendum », a énoncé le président Alain Allinant de la tribune où sont intervenus les ministres François Fillon (un habitué du rendez-vous de la grande famille) et Dominique Bussereau ainsi que Roland du Luart, président du Conseil général de la Sarthe.

« Loué se veut référence », a rappelé Alain Allinant, une référence auprès du consommateur et une « force de proposition ». Un rôle difficile à tenir face à « l’obsession du prix bas» et au « lynchage des marques ».

En ces temps de « récession» nourrir les poulets avec un aliment garanti sans OGM, issu de cultures sans Gaucho ni Régent, les élever sans traitement coccidiostatique, « c’est de la folie », s’est exclamé le président. Poussant volontairement la provocation, il a demandé si la différence payait toujours, si les labels volailles n’étaient pas « condamnés à réduire leurs contraintes pour tous produire sous le même cahier des charges : la notice minimum volaille ? »

Trop cher le poulet de Loué ? Il y a vingt ans, un smicard devait consacrer 1 h 20 de son travail pour l’achat d’un poulet de Loué ; contre seulement 52 minutes aujourd’hui, a démontré le directeur Yves de la Fouchardière.

Le bon diagnostic est plutôt celui d’une société malade. Pour le docteur Christian Recchia, enseignant sur les sciences des aliments à l’École Centrale, la surcharge pondérale relève de la « programmation cérébrale» : en ne prenant plus le temps de préparer des produits natifs, on élève des enfants grignoteurs. Selon Matthieu Jolly, chargé de management à l’Institut Nielsen, les hypers et supermarchés font fausse route en communiquant sur les prix bas, et commettraient une erreur fatale en cassant les marques.

« Vous êtes sans doute en surqualité, a considéré le Dr Recchia. Il est capital que quand vous avancez d’un cran, vous avanciez aussi d’un cran en communication ». Les Fermiers de Loué ne se privent pas d’annoncer au public chacune de leurs nouvelles prouesses… Mais l’intervenant recommande avant tout de mieux communiquer auprès des médecins, par exemple sur l’intérêt nutritionnel de la graisse animale.

Arrêt des constructions

Ramener la société à la raison devrait être un des rôles de l’interprofession de la volaille de chair, mais celle-ci « n’en finit pas de se mettre en place »,a dénoncé Alain Allinant.

Dans l’attente de temps meilleurs, les Fermiers de Loué arrêtent les constructions en volaille de chair, sauf installations. L’an dernier, 24 bâtiments de 400 m2 ont été montés tandis que le même nombre d’anciens n’ont pas été repris. Ils comptent sur le « papy boom » pour réduire le nombre de bâtiments de 200 et retrouver ainsi des vides sanitaires normaux. Ils poursuivent leurs tests d’adaptation à la découpe, perfectionnent leur statut sanitaire et conduisent « un grand nombre de programmes de recherche ». Ils font des économies grâce à leur filière intégrée de fabrication d’aliments et fusionnent leurs systèmes qualité. Certains se frottent aux contraintes de l’élevage de dindes bronzés ou de canards gras.

Le ministre de l’Agriculture Dominique Bussereau, en rendant hommage au « modèle louésin», a souhaité que l’Institut de l’origine et de la qualité, programmé dans la Loi d’orientation agricole, réponde aux attentes de l’IGP-Label rouge sans demander davantage d’argent.

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