Les éleveurs de porcs sont blindés contre la critique
Le caillebotis intégral n’est-il pas le symbole d’une agriculture intensive ? Faux. Son invention, par des Danois, remonte à la fin du XIXe siècle. Hier, à l’assemblée générale du Centre de documentation des métiers du porc (CDMP), le président Jean-Michel Serres a montré combien les éleveurs sont désormais blindés face aux critiques. Ils y sont parvenus en construisant un argumentaire. Du bien-être animal à l’utilisation des effluents d’élevage, en passant par des méthodes d’élevage parfois jugées surprenantes, tout ce qui touche au métier de producteur de porc est expliqué dedans. « L’argumentaire constitue une aide précieuse, a reconnu Jean-Michel Serres. Grâce à lui, il est facile de contrer les opposants».
C’est l’une des premières réalisations du CDMP, lancé il y a cinq ans. A l’époque, les professionnels ont voulu réagir aux nombreuses attaques contre leur activité. La FNP (éleveurs), la FNCBV (coopération) et leurs antennes régionales, avec l’appui de l’Institut technique du porc (ITP), ont mis en place une structure chargée de la communication. Le CDMP est maintenant intégré dans l’interprofession (Inaporc). « Notre souci de transparence est toujours d’actualité, a souligné son président. L’élevage de porcs doit apparaître tel qu’il est. Reproduire le passé ne présente aucun avenir. Ce message n’est pas évident à faire passer, tant les media cultivent la nostalgie».
Des cartes postales pour les riverains
Pour bien communiquer, de nombreux éleveurs ont même suivi une formation. Elle leur sert au moment des salons et des portes ouvertes. Un organisme extérieur forme les participants, sur une durée généralement de deux jours, en leur apportant le vocabulaire à utiliser face au grand public. « Les portes ouvertes se sont professionnalisées, a-t-il estimé. Cette opération marche bien».
Quelque 8 000 visiteurs y ont participé dernièrement en Bretagne. C’est notamment l’occasion d’expliquer le traitement subi par le lisier produit sur l’exploitation. En Bourgogne et en Alsace, des régions où la densité porcine est très faible mais où paradoxalement l’opposition est vive, plusieurs rencontres ont été organisées avec les élus régionaux suite à un récent scrutin. En Rhône-Alpes, des cartes postales ont été envoyées à des riverains de porcheries pour apaiser les esprits lors des épandages de lisier.
Internet est un autre outil utilisé. Afin de toucher la cible des enfants, le CDMP a fait évoluer son site (www.leporc.com), en y intégrant un jeu interactif de questions réponses. D’autres rubriques concernent l’élevage, le produit, la cuisine, la diététique. Pour communiquer sur le métier, un Club des amis du cochon a aussi été créé. Celui-ci s’adresse aux parlementaires et aux journalistes. « Un travail de relationnel avec les enseignants reste à faire, a-t-il signalé. Des actions de lobbying doivent aussi être menées à Bruxelles, notamment en ce qui concerne le bien-être animal». Une action pourrait aussi voir le jour à Strasbourg, avec l’appui de Joseph Daul.