Les éleveurs de lapins lancent un SOS
Une manifestation d’éleveurs de lapins a eu lieu mardi, devant l’abattoir du président de la section cunicole de la FIA (fédération des industries avicoles), Bretagne Lapins à Baud (Morbihan). Elle a permis d’attirer l’attention sur la situation dramatique des éleveurs à l’échelon national. La Fénalap (fédération nationale de groupements de producteurs de lapins) et la CFA (confédération française de l’aviculture) font état d’une « crise sans précédent » causée par le déséquilibre offre-demande et la hausse « insupportable » des prix des matières premières.
Voilà plusieurs mois déjà que la filière lapin demande aux pouvoirs publics l’extension de l’accord professionnel de régulation du marché. La Fénalap et la CFA insistent pour rendre obligatoire une restriction des capacités de production visant à réduire l’offre de 5 % par rapport à 2007. La demande en viande de lapin s’est ralentie depuis le second semestre 2006, probablement à la faveur du retour des volailles dans les rayons et d’un temps anormalement clément.
85 % d’éleveurs dans le rouge cet été ?
Les achats ont encore décliné en 2007. Les quotas de production, exceptionnellement portés à 12 % sur la période estivale de 2007 (au lieu de 8 % les années précédente) n’ont pas empêché la progression des abattages contrôlés de 1 420 tonnes à 54 414 t. Cette progression s’explique par quelques nouvelles installations ou agrandissement d’élevages, l’amélioration de la productivité et une légère progression du poids moyen des lapins à l’abattage.
Dans ce contexte excédentaire, le prix de reprise du lapin vif a reculé en 2007 de 3 % à 1,588 €/kg. Certes, le prix payé à l’éleveur s’est redressé : il est en progression de 1,7 % sur les 19 premières semaines de 2008 par rapport à la même période de 2007, mais il reste en retrait de 2,0 % par rapport à la même période de 2006.
En effet, l’indice Itavi du coût des matières premières de l’aliment lapin (formule au moindre coût) est en hausse de 50 % sur douze mois jusqu’en avril. Or, l’aliment représente 60 % du prix de revient du lapin vif.
« Avec la hausse de la fin 2007, le revenu moyen des éleveurs est désormais nul », affirment la Fénalap et la CFA en se basant sur les fermes de référence du réseau Itavi. 36 % des ateliers lapins ont un résultat net négatif au dernier trimestre 2007. Une projection au premier semestre 2008 (+ 45 % de hausse) fait anticiper le passage dans le rouge de 85 % des éleveurs. Se fiant au redressement des prix de gros à Rungis et des prix à la consommation depuis le début de l’année, les organisations de producteurs demandent une revalorisation des prix à la production : 0,18 €/kg vif immédiatement et 0,30 €/kg à terme. Elles estiment les pertes à plus de 8 millions d’euros pour les éleveurs entre le dernier trimestre 2007 et les deux premiers trimestres de 2008, pertes qui se montent déjà à 5 millions d’euros pour les 2 000 « producteurs rationnels » . Selon les fédérations, une réduction de production de 5 % occasionnera 4,5 M Eur d’augmentation de charges. Les organisations se tournent aussi vers les pouvoirs publics. Elles sollicitent le Fonds d’allégement des charges et une prise en charge des cotisations sociales.