Les dessous d'une annonce génétiquement modifiée
Nous avons déjà commenté hier l'annonce par Jean-Michel Lemétayer qu'il était « prêt à accepter le principe d'un gel des semences OGM jusqu'au vote d'une loi ». Vu l'ampleur prise par cette affaire, nous ne résistons pas au plaisir de narrer les dessous d'une prise de position génétiquement modifiée par la presse puis par Jean-Michel Lemétayer lui-même. Tout commence jeudi à midi lors d'un déjeuner organisé par le président de la FNSEA avec quelques journalistes de la presse économique. Jean-Michel Lemétayer y lâche, peu ou prou, les propos qui ont été prêtés et que le journaliste de La Tribune, flairant le scoop, diffuse dans les heures qui suivent sur le site internet du quotidien. L'embêtant, c'est que Les Échos comprennent à peu près l'inverse, à savoir que la FNSEA est plus que jamais contre un moratoire et ne saisit pas la portée du geste politique qui consiste à céder sur un « gel » des OGM jusqu’aux prochains semis, il est vrai sans guère de conséquences pratiques. Quoi qu'il en soit, le ministère de l'Ecologie comme le président de l'intergroupe OGM du Grenelle de l'environnement ne voient pas la nuance -ou font semblant de ne pas la voir- et les associations écologistes applaudissent bruyamment à ce revirement qui n'en est pas un. Les producteurs de céréales, qui sont globalement plutôt favorables aux OGM, et n'ont pas été prévenus de la sortie de Jean-Michel Lemétayer, s'inquiètent des proportions prises par l'affaire et insistent pour qu'une conférence de presse soit organisée dès le lendemain. Vendredi, Jean-Michel Lemétayer se livre donc à une délicate explication de texte devant les journalistes sous l'œil attentif de Xavier Beulin. Sans revenir sur le fond de ses propos, il insiste sur la nécessité du vote d'une loi avant les prochains semis de printemps. L'unité syndicale est sauve.