Les cours du colza décrochent
Entre la baisse de la demande chinoise et les importations vigoureuses aux États-Unis, le prix de la graine de soja sur l'ancienne campagne a décroché. Certains observateurs réduisent les perspectives d'importations chinoises de cette année à 66 millions de tonnes (Mt), ce qui paraît très exagéré : on est toujours sur une tendance de quelque 70 Mt. Apparemment, tout devrait pousser les prix à la baisse : les perspectives de surfaces en hausse significative aux États-Unis (+6 % à ce jour selon le CIC), qui atteindraient même un record historique ; l'abondance de la récolte sud-américaine qui dépasserait celle de l'an passé de plus de 10 Mt ; la probable réduction des importations mondiales sur la seconde partie de la campagne après six mois flamboyants ; et des stocks mondiaux à la fin août 2014 en hausse de quelque 12 Mt par rapport à l'an dernier. En Argentine, on attend une récolte d'environ 54 Mt, qui est moissonnée à près de 40 %. Les stocks conservés par les agriculteurs sont encore révisés à la hausse à 9,5 Mt et d'aucuns s'interrogent sur la faculté qu'auront les producteurs à stocker encore et toujours alors que la nouvelle récolte arrive. Au Brésil, les estimations de production oscillent entre 86 et 87,5 Mt, dont 90 % sont récoltés sans que pour le moment on ait entendu parler de problèmes logistiques majeurs à l'approche des ports.
Russie : durcissement des ripostes américaine et européenneAu Canada, tant la trituration que l'exportation de colza restent en net retrait par rapport à l'an passé. On s'attend à une récolte en recul d'au moins 2 Mt en 2014, surtout à cause des rendements records de 2013, qu'il est statistiquement peu probable de répéter, mais les stocks de fin de cette campagne compenseraient cette baisse de production. Les surfaces de soja pourraient également atteindre un nouveau sommet dans ce pays.
Les prix de l'huile chutent aussi. La production d'huile de palme repart à la hausse alors que cette même huile s'avère chère par rapport à l'huile de soja. Mais la sécheresse persistante en Asie du Sud-Est devrait limiter la baisse des prix, impactant alors toutes les huiles. Reste sur le marché la grande inconnue de l'évolution de la situation entre l'Ukraine et la Russie. Si l'impact sur les mises en culture ou les exportations n'est toujours pas avéré, les analystes s'inquiètent de plus en plus des implications financières avec le durcissement des ripostes américaine et européenne. L'heure est à l'escalade et tous les scénarios sont maintenant envisagés y compris celui d'un blocage des exportations de la zone.