Les côtes du rhône sur le fil du rasoir
« Nous avons connu la crise après les autres, nous devons en sortir avant les autres », a indiqué Michel Bernard, président d’InterRhône lors d’une conférence de presse destinée à présenter les mesures d’urgences que les côtes du rhône mettent en place pour la récolte 2004.
La situation est inquiétante : « l’excédent de la récolte mondiale sera équivalent à la récolte française d’AOC. » Une récolte qui sera supérieure à celle de l’an dernier, mais dont il reste encore près de 10 % d’invendus (1,9 million d’hl récoltés, 1,8 million vendus). Pour se préparer à cette situation, Interhône composé d’un collège producteur et d’un collège négociants a donc décidé de mesures conjoncturelles basées sur une limitation des rendements. « L’appellation côtes du rhône régionale passe de 51 hl/ha à 45 hl/ha afin d’équilibrer l’offre et la demande», a expliqué Christian Paly, président du syndicat général des vignerons.
Une mesure modulable selon la situation
Cependant cette mesure sera modulable selon la situation des entreprises. Par exemple, celles qui ne connaissent pas de difficultés économiques et maîtrisent les marchés auront la possibilité de produire 3 hl/ha de plus que le rendement de base (45 hl/ha). Dans l’autre cas, des entreprises qui ont connu des problèmes qualitatifs (par exemple une queue de millésime 2002 invendue) seront autorisées à produire 6 hl/ha supplémentaires. En contrepartie, les producteurs devront éliminer 6hl/ha d’un ou plusieurs millésimes précédents. Par ailleurs, InteRhône apportera une aide financière (1,5 euro sur les 3 euros que coûte le stockage) pour permettre aux metteurs en marché de reloger les invendus afin de se préparer à la nouvelle récolte. 70 000 hl ont déjà bénéficié de cette mesure.
Enfin, InteRhône renforce les mesures qualitatives : seuls les vins de qualité trouveront preneur. Il s’agit d’une accentuation des contrôles du respect des conditions de productions (10 techniciens ont été engagés, 15 000 parcelles -7 000 ha- ont été visitées) et d’une qualification renforcée des dégustateurs afin d’améliorer les conditions d’agrément. Toutes ces mesures seront assorties d’un important plan de communication et de promotion des côtes du rhône qui débutera en France et à l’étranger. Mais au-delà des mesures conjoncturelles destinées à faire face à « une situation inquiétante » InteRhône lance une grande réflexion « destinée à faire évoluer certaines règles sans remettre en cause le principe de l’AOC. »