Les coops planchent sur la biomasse
La relative détente des prix du pétrole ne va pas stopper l'enthousiasme autour de la valorisation énergétique de la biomasse. Ce sujet, abordé hier par Coop de France lors d'une rencontre à Paris, a été l'occasion d'étudier les réponses du monde coopératif. « Nous sommes au début d'un processus qui va prendre de l'ampleur » a assuré Pierre Ducray, directeur de l'Union de la coopération forestière française et membre de la récente commission biomasse de Coop de France. Inter filières, elle a été créée pour répondre à l'effervescence sur la biomasse, qui sort de l'utilisation des déchets ultimes pour se structurer autour de véritables filières d'approvisionnement dédiées.
Patrice Auffret, directeur des projets industriels chez Unicopa a présenté le système de prétraitement des effluents industriels de la laiterie de Carhaix (Finistère). Malgré les contraintes, Unicopa a réussi à réduire les effluents les plus polluants de 4 000 à 800 kg par jour à l'aide d'un méthaniseur. Cette diminution drastique autorise une extension future des activités sans modifier les contraintes de rejets, tout en générant 4 à 5 % du gaz consommé au cours de l'année. Le coût final est de 1,1 M Eur, avec un retour sur investissement de 7 ans. Ce délai a été unanimement reconnu par les autres intervenants, comme Thierry Pousse. Le gérant de Soréa Énergie a évoqué un projet de valorisation du marc de raisin et de plaquettes forestières destiné à produire de l'énergie par gazéification. Les enjeux sont conséquents, tant pour l'environnement avec l'économie d'émission de C02, mais aussi pour le développement avec l'espoir pour les agriculteurs d'une contractualisation de longue durée, préalable incontournable pour les investisseurs désireux de se lancer.
L'exemple de la coopérative Coopénergie Picardie, qui valorise 7 500 tonnes de coproduits du lin, montre qu'un avenir existe hors de la paille et du bois. Le projet lié (installation en cogénération d'une chaudière alimentée par biomasse) est destiné à alimenter en chaleur les bâtiments collectifs, avec un gain attendu de 30 % par rapport aux énergies fossiles. L'engouement autour de ces systèmes ne doit cependant pas faire perdre de vue l'obligation de raisonner en circuits courts et pérennes. Claude Roy, coordinateur interministériel pour la valorisation de la biomasse a d'ailleurs estimé que la priorité est de créer un équilibre avec les petites unités, plutôt que d'envisager immédiatement de gros projets et la revente d'énergie, synonymes de regroupements entre producteurs de boues, de déchets d'IAA et de coproduits.