Les coopératives tirent les leçons des crises
«Le monde agricole doit tirer les leçons des crises et réfléchir à la mise en place de nouveaux outils pour les anticiper et y faire face à l’avenir », a déclaré mardi le président du Pôle Animal de Coop de France Gilbert Herpe, lors d’une présentation à la presse de ses AG du 17 octobre à Paris. Deux faits mettent à mal les filières en ce moment. L’un concerne la hausse brutale du prix des matières premières utilisées en alimentation animale. L’autre est lié à l’extension de la fièvre catarrhale.
Après l’annonce de mesures sanitaires la semaine dernière à Bruxelles, de nombreux problèmes restent en suspens concernant l’épizootie. L’allégement des restrictions sur les déplacements de ruminants n’est pas encore effectif. Coop de France espère une entrée en vigueur à la fin du mois. Selon l’organisation, les tests virologiques devraient concerner quelque 300 000 bovins dans les mois à venir. Leur prix unitaire atteint une trentaine d’euros, auxquels s’ajoutent une quinzaine d’euros de frais vétérinaires, soit 45 euros par bêtes. « Dans certains cas, ces frais supplémentaires correspondent à la marge des groupements exportateurs », a indiqué le directeur du Pôle Bétail et Viande Jacques Poulet.
Autre préoccupation, les services vétérinaires agiraient différemment selon les départements. Coop de France a signalé ce point hier en réunion hebdomadaire avec le cabinet du ministère de l’Agriculture. Son souhait est qu’en cas de test positif, seul l’animal soit consigné et non l’exploitation entière. « Des élevages sentinelles se sont vus interdire la commercialisation de veaux de huit jours après la découverte d’un cas », a déploré le responsable Entreprises Jean-Claude Prieur.
Outils de régulation
La filière porcine est quant à elle le symbole d’un marché de la viande déconnecté des coûts de production. A la flambée du prix des matières premières s’additionnent une offre européenne abondante et une parité euro dollar défavorable. Résultat, le cadran de Plérin affiche 1,149 euro/kg, contre un prix de revient estimé entre 1,45 et 1,50 euro/kg par le président de Coop de France Bétail et Viande Jean-Michel Fritsch. L’UE doit, selon lui, exporter 1,5 million de tonnes vers les Pays Tiers pour garder un bon équilibre matière. Ces quantités pèsent actuellement sur le marché, en raison d’un problème de compétitivité lié à l’euro fort. « Bruxelles doit accorder des restitutions à l’export pour alléger le marché et donner un signe positif aux éleveurs », a-t-il déclaré. Plus généralement, Jean-Michel Fritsch a lancé un appel pour la mise en place de dispositifs de gestion de crise. Une réponse de la Commission européenne est attendue pour le 20 novembre. « On ne peut pas laisser les filières se débrouiller toutes seules, ou alors certaines d’entre elles vont disparaître », a-t-il souligné.
Dans ce contexte difficile, le président de la section Bétail et Viande a invité les opérateurs porcins à poursuivre leur restructuration. Son collègue de la Nutrition animale a aussi fait part d’une situation qui va devenir tendue dans son secteur. Rien n’est plus propice à des mouvements de concentration.