Les coopératives du sud-ouest... coopèrent
On connaissait la compétition féroce entre coopératives qui agite depuis des décennies les campagnes du Sud-Ouest sur fond d'incompréhensions, de divergences d'approche des dossiers selon qu'on est landais, gersois, béarnais, basques... Pourtant, les années passant, les hommes changeant, le contexte économique évoluant (vers plus de difficultés ?), la raison semble vouloir aujourd'hui l'emporter. Pour la première fois, Vivadour (Gers), Euralis (Pyrénées-Atlantiques), Maïsadour (Landes) et Lur Berri (Pyrénées-Atlantiques), apprennent à travailler ensemble sur des dossiers concrets, le maïs doux pour les trois premières, et le projet de création d'une usine de Bioéthanol dans la région pour les trois dernières, associées qui plus est avec un négociant, Bernard Lacadée.
« Il faut être réaliste aujourd'hui, et bien comprendre que la concurrence n'est plus à nos portes, mais à l'autre bout du monde » plaide ainsi Franck Clavier, directeur général du groupe gersois Gascogne ! (Vivadour) s'appuyant sur l'exemple du maïs doux où les trois sociétés détenues par les coopératives avec Bonduelle seront fusionnées avant l'été. « Il faut arrêter de se faire la guerre » ajoute Étienne Layan (Maïsadour), en charge du dossier maïs doux au sein de la coopérative, « et bien comprendre que ce n'est pas en baissant la rémunération de la matière première aux producteurs que nous arriverons à quelque chose ! Nous n'avons plus forcément besoin des structures existantes pour gérer des programmes à la baisse, comme ceux du maïs doux. »
La confiance après la méfiance
Cela dit, Michel Depierre, directeur général du groupe Euralis tempère : « la compétition est toujours d'actualité, et le restera. Ce qui est nouveau, c'est peut-être la naissance d'un climat de confiance entre les coops qui fait suite à de nombreuses années de méfiance. Il y a dix ans en arrière, les discussions que nous pouvions avoir fonctionnaient sur le mode du tout ou rien. Ce n'est plus le cas, nous faisons peut-être aujourd'hui, avec retard, ce que les coopératives bretonnes ont su faire bien avant nous. » Habituées entre certaines d'entre-elles aux accords bilatéraux comme on a pu le voir en décembre dernier dans le domaine du foie gras avec l'absorption de Canard du Midi (Vivadour) par Delpeyrat (Maïsadour) les coopératives du Sud-Ouest s'engagent donc un peu plus loin dans la voie de la coopération, justement !