Les collectivités vont travailler sur la nutrition
Avant de vouloir convertir les cantines scolaires ou d'entreprises au PNNS 2, dont les mesures ont été révélées récemment, plusieurs acteurs ont évalué l'impact des politiques locales en matière de nutrition.Une enquête a ainsi été réalisée par les Eco maires, une association dont les membres ont choisi d'inscrire « l'approche environnementale et le développement durable comme prioritaire ».
Elle révèle que 68 % des collectivités locales sondées déclarent avoir mis en place une action de sensibilisation « nutrition-santé » dans le cadre de la restauration scolaire. Bien que les actions pédagogiques soient nombreuses, la traduction dans les assiettes est moins répandue puisque moins de 30 % des collectivités travaillent sur le petit-déjeuner, ou, dans des proportions équivalentes, sur le repas bio. Pour 60 % des collectivités locales, leur engagement prend la forme « de sensibilisation des enfants aux critères d'une alimentation équilibrée».
Les grandes villes en manque d’initiatives
Lors d’un colloque organisé lundi au Sénat sur le sujet, plusieurs exemples d'actions ont été présentés, notamment autour des fruits et légumes. L'Union régionale des caisses d'assurance-maladie du Nord-Pas-de-Calais a fait état de sa campagne triennale « le plaisir de découvrir et de consommer des fruits ». Menée auprès de 33 000 enfants des écoles maternelles, elle contribue à faire découvrir les fruits, à l'aide de séances de dégustation, d'éducation nutritionnelle et de kits d'animation. Le coût par élève est estimé à 9 e TTC pour l'année, incluant 22 dégustations de fruits (2 hebdomadaires pendant 11 semaines, réparties sur les 4 saisons) et une aide de 0,25 centime par fruit versée par la CPAM. Au terme de l'année scolaire, les pilotes de l'opération ont constaté que 44 % des enfants mangeaient au moins un fruit par jour, soit 13 % de plus qu'en début d'année.
Les initiatives ne sont pas l'apanage des grandes villes, puisque la commune du Bosc (1 000 habitants, Hérault) a institué la « récréation fruitée » depuis 4 ans. A chaque récréation, les élèves ont au moins 4 fruits différents à leur disposition ainsi qu'une « ambassadrice des fruits » présente à mi-temps pour des actions pédagogiques. Le coût atteint 100 e par an et par enfant financé par la commune, tout en représentant des économies pour les parents qui n'ont plus à fournir de goûter. Bien que conscientes des enjeux de l'alimentation, 67 % des collectivités interrogées par les Eco Maires ne connaissent pas la charte ville active du PNNS, ce qui laisse une belle marge de progression.
Le sénateur et maire de Brive la Gaillarde Bernard Murat, qui présidait le colloque, a exposé la situation de sa ville, une des rares à posséder son propre atelier de transformation des légumes dans sa cuisine centrale. Le bœuf servi y est exclusivement de race limousine et les poissons pêchés le sont en haute mer. La cité corrézienne, avec le prix classé en septième position dans les critères de choix loin derrière la qualité et la valeur technique des produits alimentaires, bénéficie de conditions il est vrai optimales pour la restauration.
« Tous les intervenants sont convaincus du rôle important des collectivités locales» a déclaré le sénateur, qui soutiendra la baisse de TVA des fruits et légumes. Inscrite dans le PNNS 2, « cette mesure a un coût faible pour la collectivité en comparaison du service rendu ». La défense d'un tel amendement interviendra lorsque le ministre de la Santé se sera prononcé sur les propositions du PNNS, ce qu'il devrait faire à la mi-mai.