Les cessions d'IAA vont repartir début 2006
LM : Comment a évolué la situation des ventes des entreprises agroalimentaires en France ces derniers mois ?
Jacques Vituret : Ca a très bien évolué. J'ai beaucoup d'affaires à la vente (350 aujourd'hui contre 272 en 2003, pour 450 acheteurs). J'ai ouvert plusieurs bureaux après MTI Sud-Ouest en 2004. Au 1er septembre, un bureau a été ouvert en Ile de France avec Xavier Flipo, ex-directeur général de Davigel, qui est maître d'œuvre et actionnaire majoritaire. Au 1er juillet, j'ai ouvert MTI Méditerranée dans le Sud avec pour associé majoritaire Patrice Martineau (ex-Saupiquet). En janvier, MTI Rhône-Alpes-Auvergne-Bourgogne-Franche Comté a été créé avec Pascal Dequeant, ex-Bongrain. Viendront au 1er janvier 2006, un bureau à Rennes avec un ex-industriel de l'agroalimentaire (MTI grand Ouest), au printemps trois bureaux (grand Centre, grand Nord et grand Est) et d'ici fin 2006, trois antennes à Bruxelles, Barcelone et Fribourg. A chaque fois, je cherche comme associé un professionnel de l'agroalimentaire de plus de 40 ans. Pour revenir aux entreprises à vendre, en 2005 20 cessions ont été réalisées. On aurait pu en conclure plus mais les vendeurs ont attendu la loi de Finance. Depuis septembre, on savait qu'elle allait contenir une clause de suppression pour la plus-value de cession d'actions. Le décret va paraître dans les jours qui viennent. Les cédants qui ont plus de 60 ans seront exonérés de 16% sur la plus-value (resteront les 11% de la CSG), pour les autres il faut être propriétaire pendant huit ans à compter du 1er janvier 2006 pour être exonéré.
LM : Les ventes vont donc repartir l’année prochaine ?
Jacques Vituret : S'il n'y avait pas eu cette clause attendue dans la loi de Finances, on aurait conclu entre 25 et 30 affaires cette année.
Les Marchés : Quand se feront ces opérations?
Ces affaires se feront début 2006. D'ici 2 ou 3 ans, je devrais avoir 500 à 800 entreprises à vendre et autant d'acheteurs. Notre cible : des patrons entre 50 et 65 ans avec une entreprise de 2 à 50 millions d’euros de chiffre d'affaires. Or ces chefs d'entreprises, en difficulté et sous pression de la part de la grande distribution, ont le moral « dans les chaussettes ». On sent une grande démotivation.
Beaucoup de sociétés sont à vendre notamment dans les secteurs de la charcuterie, de la viande, et de la volaille. Pour ces entreprises, on a du mal à trouver des acheteurs plutôt intéressés par des produits de niche (biologiques et diététiques, notamment) ou des produits de terroir, situées dans le Sud, notamment autour d'Aix en Provence. Au niveau des prix, les gens assouplissent leur position. Ils ont vraiment envie de vendre, les prix vont devenir encore plus corrects dans les mois qui viennent. En face, des cadres de 45 ans licenciés de grands groupes sont prêts à acheter grâce à des montages réalisés avec des capitaux risqueurs.
LM : En dehors de ces cadres français, les industries agroalimentaires intéressent-elles encore les fonds d'investissement et les étrangers ?
Jacques Vituret : C'est assez étonnant, mais oui ! On sait que l'agroalimentaire, c'est un refuge, on mangera toujours et la rentabilité des industriels de l’agroalimentaire sera toujours là. Les étrangers sont intéressés par les IAA, spécialisées dans les surgelés et les produits à plus d'un an de date de conservation, pour approvisionner leur marché local mais aussi implanter leurs produits en France.
Je compte parmi mes acheteurs potentiels des Anglais, des Belges, des Japonais, quatre Chinois, deux Saoudiens. Actuellement, un groupe canadien cherche des entreprises dans le surgelé, notamment. Pour ce faire, je me suis en affaire avec un bureau en Asie dont le business est de céder des sociétés françaises à des acheteurs dans les pays d'Asie.
Pour ce qui est des fonds d'investissement, MTI travaille avec des fonds de moyenne importance qui cherchent des dossiers à partir de 10 à 15 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ces acheteurs vont s'investir pour une période de 5 à 7 ans. Ils recherchent des entreprises à forte rentabilité où il y a de la croissance à faire (externe notamment). Ils sont intéressants pour nous parce qu'ils nous permettent de vendre une puis deux, trois affaires. L'avenir s'annonce brillant pour MTI.