Les cargos passeront
L'Amérique est un pays formidable. Près de deux semaines après le cyclone Katrina, l'administration n'est pas en mesure de donner la moindre estimation des dégâts humains engendrés. Le bilan provisoire officiel publié jeudi faisait état de 277 morts pour l'ensemble des États concernés (Louisiane, Mississippi, Alabama, Floride). Mais selon certains responsables américains, le bilan définitif s'élèverait à 10 000 morts. Pour mémoire, ce serait un chiffre trois fois supérieur à celui des victimes du 11 septembre 2001, dont on commémorait ce dimanche le triste anniversaire. Deux semaines après le passage du cyclone, on ne connaît pas non plus très exactement le nombre d'exilés ayant trouvé refuge dans les États voisins ni même combien de personnes continuent à vivre dans les ruines de La Nouvelle Orléans. En revanche, il y a une chose dont l'administration est sûre, c'est que le port de la Nouvelle-Orléans, qui voit transiter plus de la moitié des exportations américaines de céréales, devrait pouvoir fonctionner « quasiment à plein » dès cette semaine. Mercredi (lire LM de vendredi), le secrétaire à l'agriculture américain a même fourni ce chiffre d'une incroyable précision : « les capacités de chargement des céréales via des ascenseurs sont à nouveau opérationnelles à 63 % dans l'embouchure du Mississippi ». La certitude de ces connaissances, alors que toute la région nage encore en plein marasme, laisse rêveur. Tout comme l'assurance affichée par Washington selon laquelle les installations pétrolières détériorées par le cyclone seront promptement rétablies. Les analystes économiques ont beau se montrer un peu sceptiques, il n'est pas impossible que tout cela soit parfaitement authentique.