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Les Canadiens pragmatiques face aux risques sanitaires

Les consommateurs canadiens ont gardé confiance dans la viande de bœuf de chez eux malgré deux cas de vache folle. Ils sont satisfaits des arguments et garanties déployés par l’autorité sanitaire et la filière.

Pas d’hystérie au Canada. Deux cas de vache folle n’ont pas affecté la consommation de bœuf. Le premier cas, découvert en mai 2003, n’a pas empêché celle-ci de croître de 6 % cette année-là ; le second, en décembre dernier - la vache en question, découverte aux Etats-Unis, provenait du Canada - ne l’a pas infléchie. Les Canadiens, qui accueillaient cette année le Congrès mondial de la viande, ne se sont pas privés de vanter la confiance indéfectible des consommateurs à l’égard du bœuf canadien (supérieure à 85 % d’après les enquêtes) et l’efficacité de leur gouvernement dans ses actions visant à redonner confiance. L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) avait diligenté en mai 2003 une « enquête complète » à l’échelle de quatre provinces, concernant 2 700 animaux et les aliments du bétail. Les investigations étaient commentées au jour le jour ; rien ne devait échapper au public. Les éleveurs, l’industrie, avaient pris le même parti de la transparence. Tandis que la restauration organisée, les journaux et la publicité prenaient le contre-pied de l’événement en affichant leur soutien au bœuf canadien. Il a été établi depuis que les deux vaches incriminées étaient nées en Alberta avant l’interdiction de 1997 d’incorporer des co-produits d’origine bovine dans les aliments pour la même espèce. « Le pic de risque est passé», a plaidé Denix Laycraft, de l’Association des éleveurs de bétail, et les effets d’une « exposition de faible niveau » avant 1997 « vont s’estomper fortement dans les 12 à 18 prochains mois ».

Les mesures de prévention canadiennes sont bien en deçà des mesures européennes. Il est prévu de renforcer l’identification individuelle et les dispositifs de traçabilité, mis en place en 2001. Les MRS n’ont été retirés par voie légale qu’en juillet 2003 (selon la filière, le cerveau et la moelle épinière étaient déjà éliminés dans la pratique depuis des années). En janvier dernier, l’ACIA annonçait qu’elle tenterait de « mettre au moins 8 000 animaux à l’épreuve » au cours de l’année et « d’augmenter graduellement ce nombre par la suite » (jusqu’à 30 000 têtes ; nombre cité au Congrès de la viande) en se concentrant essentiellement sur les animaux malades ou morts. Celà, disait-elle, serait suffisant face à une « éventuelle prévalence aussi faible qu’un animal sur un million ».

Lobbying pour un zonage du pays

Le Canada ne peut avancer plus vite que les Etats-Unis, premier marché canadien en bovins vifs et en viande. Les deux gouvernements fédéraux s’abritent derrière « toutes les évaluations scientifiques effectuées à ce jour » montrant que le risque d’ESB est « extrêmement faible et pratiquement identique dans les deux pays». Ce qu’avait confirmé le groupe d’experts internationaux ayant examiné l’enquête du Canada sur le cas d’ESB de mai 2003.

Toutefois, les pays clients sont prompts à déclencher les embargos à la moindre alerte. Les Etats-Unis avaient d’ailleurs été les premiers à fermer leur frontière canadienne en mai 2003. Les ventes du Canada ont chuté de 30 % en 2003. Face à ce risque commercial, le lobby industriel suggère un zonage officiel. Au Congrès mondial de la viande, Michael H. McCain, patron du groupe alimentaire Maple Leaf, a mentionné que la seule province de l’Ontario pourrait contenir 10 zones sanitaires comme définies dans l’Union européenne.

« Un zonage au Canada et aux Etats-Unis aurait sensiblement réduit l’impact économique de ces cas isolés de vache folle», a-t-il considéré, mentionnant l’intérêt de la disposition à l’encontre des autres maladies animales. Le foyer de grippe aviaire (une forme atténuée), apparu en mars dernier en Colombie-Britannique (ouest), lui a servi d’argument.

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