Les brasseurs défendent une politique «responsable»
Confrontés comme les autres boissons alcoolisées à la baisse de la consommation et aux mesures pour la sécurité routière, les fabricants de bière ont décidé, pour tenter de relancer leurs ventes, d'adopter une politique « responsable» en continuant à diminuer le degré d'alcool. « Il faut intégrer cette nouvelle problématique comme un élément de l'offre produit, pas comme une contrainte », déclare Olivier Picot, président de l'Association des brasseurs de France, qui regroupe des brasseurs français et des filiales françaises de groupes étrangers.
Les ventes de bière ont connu une nouvelle baisse de 4% en France en 2004, par rapport à 2003 (où il s'était bu 32,5 litres par an et par habitant), révèle M. Picot au Salon de l'agriculture à Paris où l'association tient un stand. Après plusieurs années consécutives de baisse de la consommation - moins 25% en 25 ans - les ventes avaient légèrement progressé en 2003, avec 21 millions d'hectolitres vendus dans l'Hexagone, grâce à « l'effet canicule », avant de retomber l'an dernier au dessous de leur niveau de 2002.
Les brasseurs de France ont reçu un soutien de choix samedi de la part du président Jacques Chirac. Lors de l'inauguration du salon, il a affirmé qu'il n'avait pas de marque préférée comme l'affirme la rumeur mais qu'il « aime toutes les bières blondes et fraîches des brasseurs français».
Ces derniers veulent continuer à diminuer le degré d'alcool, après avoir déjà décidé en 1996 de ne plus fabriquer de bières au-dessus de 8 degrés, et à accroître le nombre de bières sans alcool. En 10 ans, la moyenne du degré d'alcool présent dans les bières françaises est passé de 5 degrés à 4,5, soit une baisse de 10%, tandis que celui des vins augmentait, aux alentours de 12,5 degrés, selon M. Picot.
Relancer l'intérêt avec de nouveaux produits
Les bières sans alcool et les «panachés» ont vu en trois ans leur pourcentage doubler - de 4% à 8% du total - dans les enseignes de la grande distribution. Cette tendance va se poursuivre avec le lancement de nouveaux produits dans les prochains mois par les trois principaux groupes présents en France: Kronenbourg (filiale française du britannique Scottish and Newcastle); le néerlandais Heineken; et InBev, issue de la fusion du belge Interbrew et du brésilien Ambev, indique par ailleurs un responsable du secteur.
En outre, poursuivant leurs opérations de marketing, les Brasseurs de France lancent de nouveau cette année les "Bières de Mars", présentes pour la première fois dans la grande distribution. La France est le cinquième producteur de bière en Europe, avec plus de 18 millions d'hectolitres, dont 2 millions exportés. Avec 160.000 emplois, "de l'épi au demi", la filière brassicole réalise un chiffre d'affaires global de 12 milliards d'euros.
L'Association des brasseurs de France regroupe 42 brasseries, de taille très diverses, et représente 99% du marché.