Les biocarburants de deuxième génération à l'étude
Le directeur du centre Inra de Lille a présenté la semaine dernière les travaux de la station Inra d'Estrées-Mons, qui portent sur les prometteurs biocarburants de deuxième génération. Issus de plantes comme le sorgho ou la luzerne, ils viendraient en complément des carburants dits de première génération issus du blé, du colza et d'autres végétaux. Le sujet se révèle très porteur actuellement. La demande française en biocarburants est élevée et ne fera qu'augmenter à cause de la faible production nationale, des prix très hauts du baril de pétrole et de l'encouragement de la classe politique pour contribuer à une diminution des émissions de gaz à effet de serre. M. Stéphane Cadoux, chercheur, a présenté les plantes à l'étude, riches en lignocellulose, qui permettraient d'obtenir des biocarburants de deuxième génération. Un avantage majeur des plantes à fort taux de matière première lignocellulosique est qu'elles sont cultivables dans toutes les régions, ce qui représente un atout en termes d'aménagement du territoire, en particulier dans les zones écologiquement sensibles. Contrairement au blé ou au colza, la plante entière serait utilisée, pour obtenir à terme des rendements de 5 à 7 t. équivalent pétrole par ha, contre 2 à 3 pour la betterave aujourd'hui. Les expérimentations en place visent à identifier les espèces les mieux adaptées à ce nouveau débouché (miscanthus, sorgho, luzerne...), à mettre au point les systèmes de culture adaptés à la valorisation énergétique et à évaluer ces systèmes aux niveaux économique et environnemental. L'accent est mis sur la résistance des plantes aux intrants limités et plus particulièrement sur la valorisation de faibles apports d'azote.
Miscanthus Giganteus, la plante en vue
Miscanthus Giganteus a particulièrement retenu l'attention de l'équipe de recherche. Cette plante vivace peut mesurer jusqu'à 4 mètres. Elle conserve de l'azote dans ses racines tuberculeuses et pousse facilement après chaque récolte, la qualifiant donc de source d'énergie renouvelable. L'itinéraire technique de cette plante nécessite peu d'intrants, elle est en pleine production dès la troisième année de culture et dure au minimum 15 ans, selon les premiers résultats de l'Inra.
Actuellement les expérimentations s'étendent à la station sur 4,5 ha et 48 parcelles. Ces travaux s'inscrivent dans le cadre du projet Regix, retenu pour le programme National de Recherche sur les Bioénergies, financé par l'Agence Nationale de recherche. Cette étude s'inscrit également dans le projet du pôle de compétitivité Industries et Agroressources Champagne-Ardenne et Picardie (voir encadré). Les experts estiment que ces nouveaux biocarburants pourraient être disponibles à la pompe à l'horizon 2015-2020.