Les associations d'éleveurs se sentent à l'aise avec la LOA
« Les associations d'éleveurs sont mises sur un pied d'égalité avec les groupements de producteurs », s'est réjoui jeudi dernier leur président Didier Guéroult, dont l'assemblée générale s'est tenue à Montmorillon (Vienne). Cette équité entre organisations non commerciales (OPNC) et commerciales (OPC) est au cœur de la nouvelle loi d'orientation agricole, votée en octobre dernier. L'heure est encore à la concertation, avant la sortie des textes d'application. « Je suis satisfait de la nouvelle loi, a déclaré Gérard Poyer, président de la Fédération française des commerçants en bestiaux (FFCB). La règle des 75 % de la production vendus à des acheteurs membres de l'OP constitue une ouverture. Ce n'est pas exactement ce qu'on voulait, mais l'essentiel est préservé. »
Tout en applaudissant la reconnaissance accordée aux deux formes d'organisation économique, Gilles Rousseau, président de la Fédération des marchés de bétail vif (FMBV), a mis un sérieux bémol. Le seuil de vente au collège acheteur pose problème quand toute la production est vendue sur les foirails. Des éleveurs d'ovins et de veaux sont dans ce cas. Il a donc brandi la menace d'un recours en justice, comme sa fédération l'avait fait en 2001 contre une circulaire sur l'organisation économique dans les secteurs de l'élevage bovins et ovins Plusieurs dispositions de la circulaire du 28 décembre 2000 avaient été annulées en Conseil d'Etat.
Message reçu par Hervé Gérin, du bureau de l'organisation des filières, à la direction générale des politiques économique, européenne et internationale (DGPEEI). « J'ai bien compris cette spécificité des marchés ovins, où les éleveurs sont apporteurs majoritaires, a signalé le représentant du ministère. On peut en tenir compte dans la préparation de la circulaire, car le décret permet une liberté d'interprétation. Mais, ce ne sera pas facile. »
Renforcement de l'organisation économique
Selon lui, la loi d'orientation agricole (LOA) donne un « signe fort » en faveur du renforcement de l'organisation économique. « L'association d'éleveurs doit permettre d'associer les compétences des producteurs et des commerçants, dans un souci de valorisation du produit, a souligné Hervé Gérin. Il en va de la compétitivité de la filière, au moment où la concurrence est de plus en plus forte. L'enjeu est aussi la réactivité de l'offre, qui doit correspondre à la demande». « En réponse à Gilles Rousseau, il a insisté sur la reconnaissance des marchés aux bestiaux par la LOA. Ces derniers étaient auparavant « ignorés ». Un autre changement est l'instauration d'un seul niveau d'engagement pour les OP et les OPNC : le producteur doit vendre 75 % de sa production à des acheteurs membres de l'OP et 50 % auprès d'au maximum trois acheteurs.
« L'OP n'a pas avenir, si elle fonde son existence dans la récupération des aides publiques, a ajouté Hervé Gérin. Son seul défi est dans la valeur ajoutée». Le représentant de l'Etat a usé de la parabole pour expliquer que la nouvelle loi devait servir d'outil : « Quand le torrent est calme, on n'a pas besoin de pagaie. Si l'orage éclate, ce n'est plus pareil».