Les associations de consommateurs sont-elles efficaces ?
En présence, pour sa première sortie « officielle », du nouveau patron de la DGCCRF Bruno Parent, nommé par le conseil des ministres du 8 novembre en remplacement de Guillaume Cerruti, le 43 e atelier de la consommation organisé par la DGCCRF a fait salle comble, le 4 décembre à Paris sous le thème « les associations de consommateurs sont-elles efficaces ? ». Provocateur, son titre a quelque peu fâché les associations, présentes dans la salle mais non à la tribune.
« Il est normal que nous nous interrogions sur notre efficacité, comme tout le monde. Nous rendons des comptes tous les ans à la DGCCRF ; ces données sont publiques. Si nous n’étions pas efficaces, nous perdrions des adhérents, ce qui n’est pas le cas tout au moins à la CLCV » a tempêté la représentante de la CLCV très active en particulier dans le domaine alimentaire et qui a, rappelons le, déposé la première saisine d’une association de consommateur à l’Afssa, il y a bientôt trois ans. « Nous percevons effectivement des subventions de l’Etat pour lesquelles nous rendons des comptes : elles s’élèvent à 1 euro par dossier traité et à 1,5 euro par heure de permanence. »La responsable montre aussi l’impact des associations pour éviter la judiciarisation de la consommation, dont s’inquiète François Remoué, chargé de mission au Medef. « Nous parvenons à traiter 80 % des litiges à l’amiable ce qui est donc un excellent moyen d’éviter la judiciarisation » complète-t-elle.
La rencontre a donné l’occasion de rappeler la position particulière des associations qui ont la confiance des consommateurs grâce au label public des associations agréées (18 actuellement) et qui assurent une mission d’intérêt général partagée, grâce au financement pour partie public, avec la DGCCRF.
Un rapport « ascétique »
L’expression de cette complémentarité passe par la prévention des litiges, l’éducation des consommateurs, le repérage des pratiques anormales grâce à la présence locale qui permet d’orienter les actions publiques et l’évaluation des actions entreprises par les pouvoirs publics.
Outre la représentation des consommateurs dans des instances de plus en plus nombreuses (certains regrettent même une certaine institutionnalisation), la défense des intérêts collectifs et l’assistance individuelle, les associations assurent bien une mission d’éducation du consommateur.
Pour Jérôme Franck, avocat à la Cour, aux côtés de leurs forces, elles présentent cependant des faiblesses : émiettement, division, débordements ponctuels, comme dans le monde syndical, par des coordinations ou des mouvements ponctuels. Sur fond d’une moindre mobilisation des citoyens : si le mouvement consumérisme comptait 4 millions d’adhérents entre les deux guerres, il n’en mobiliserait désormais dix fois moins !
Stéphane Mallard, sociologue chez France Télécom, estime que « les associations de consommateurs sont des acteurs à part entière d’un paysage occupé par de multiples parties prenantes. Elles assurent un effet fort d’éducation des consommateurs ». Mais, comme l’ont montré des chercheurs britanniques, le rapport à la consommation proposé est plutôt de type « ascétique » alors que la consommation portée par la communication des offreurs est plutôt de type « jouissif »… ce qui explique que si les tests comparatifs sont bien lus, ils ne sont pas forcément suivis d’effets…