«Les AOC doivent aussi répondre aux attentes sociétales»
Les Marchés : Quels sont vos objectifs à la tête du Comité des produits laitiers ?
Yves Goguely : Continuer à reconnaître de nouvelles appellations et montrer l’ancrage de ces appellations dans leur territoire. Mais aussi répondre aux exigences du consommateur en matière de contrôle de nos appellations et d’environnement.
L.M. : Les AOC ne sont plus adaptées de ce point de vue ?
Y.G. : Les consommateurs ont exprimé des attentes fortes en matière de fiabilité, de traçabilité et de typicité. Ils se font une idée du produit, nous ne pouvons pas le décevoir. Il est nécessaire que nous ayons plus d’ambition dans nos contrôles. De manière générale, il faut que les attentes sociétales justifiées puissent trouver une réponse matérialisée dans nos conditions de production.
L.M. : L’élargissement de l’Europe présente-t-il un risque pour les AOC françaises ?
Y.G. : Les nouveaux entrants fabriquent des fromages avec des qualités et des typicités différentes. Leur force sera d’arriver avec des produits moins coûteux que les nôtres, notamment par l’incidence de la main-d’œuvre. Certains de leurs produits sont proches des nôtres par leur typicité. C’est une concurrence que nous devons surveiller.
L.M. : Le marché peut-il absorber de nouvelles AOC françaises ?
YG. : Oui, mais à une condition. Nous devons communiquer sur le concept de l’AOC pour expliquer notre travail et ce à quoi nous servons. Cette communication doit faire comprendre aux consommateurs et aux distributeurs l’enjeu profond de nos AOC et leur impact sur l’agriculture dans des zones difficiles. Une AOC n’est pas qu’un produit, c’est aussi une conception globale du maintien d’agriculteurs sur le territoire et son aménagement. Lors de son achat, le consommateur doit connaître tout ce que sous-tend un produit AOC et le rattacher à sa région.