Les anti-gavage n’entament pas les ventes de foie gras
La consommation de foie gras a repris en France ainsi qu’en Suisse, malgré les campagnes de dénigrement des militants anti-gavage (limitées à l’Internet en France), et poursuit sa progression en Espagne. Les chiffres de la consommation française entre février et octobre 2004 montrent une progression de 18 % (à 1 507 t) par rapport à la période correspondante de 2003, a constaté le Cifog (comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras). Le meilleur est sans doute à venir puisque 80 % de la consommation se situe entre novembre et la fin janvier.
Le Cifog table pour 2004 sur une progression de 3 % à 4 % des ventes globales en France. La reprise se confirme après une baisse de 8 % en 2001 et de 4 % en 2002. Les foies gras entiers mi-cuits sont les principaux bénéficiaires de l’engouement national. Cela se traduit dans une plus forte croissance en valeur l’an dernier (+ 5,7 %) qu’en volume (+ 4,7 %) des ventes en GMS. Les ventes de blocs avec morceaux augmentent aussi, ainsi que les foies gras crus, entiers ou « en escalopes », mais dans des proportions relativement faibles.
Les exportations ne sont pas en reste. Sur les 7 premiers mois de l’année, elles progressent de 13 % pour le foie gras cru et de 10 % pour les préparations. La consommation en Suisse a bien repris, constatent les professionnels, en dépit de l’audience dont bénéficient les campagnes anti-gavages dans ce pays. Mais la Suisse n’est que le deuxième importateur derrière l’Espagne. Portées par la restauration espagnole, grosse consommatrice de foie gras cru, les exportations en Espagne se sont montées à 1 675 tonnes en 2003, et continuent leur progression. Ce qui motive d’ailleurs le développement d’une production dans le nord du pays.
Le Japon et la Belgique sont respectivement troisième et quatrième importateurs, suivis du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Les Etats-Unis ne sont plus un marché important : une dizaine de tonnes prévues en 2004.
Cette reprise devrait encourager les premiers investissements de mise aux normes de bien-être des ateliers de gavage. Le Cifog s’est engagé officiellement, lors de sa dernière assemblée générale, à respecter « à terme» les recommandations du Conseil de l’Europe émises le 22 juin 1999. L’interprofession s’estime tout à fait conforme s’agissant de « 90 % de la vie des palmipèdes, qui ont accès à des parcours en plein air ». En revanche, les cages de gavage ne permettent pas la mobilité voulue. Passer aux cages collectives suppose d’adapter le matériel de gavage ou d’augmenter la charge de travail de 20 à 30 %. Selon Marie-Pierre Pé, délégué générale du Cifog, « les prototypes ne sont pas au point et coûtent deux fois plus cher que les matériels standards». Sans « contrainte juridique », le Cifog revendique une mise aux normes en 2010, alors que les nouvelles installations devraient déjà l’être dès 2005. Il sait toutefois qu’une directive européenne « viendra tôt ou tard », comme cela a été le cas pour la poule pondeuse.