Les Américains aussi ont leurs produits de terroir
« Nous allons explorer les terroirs, climats et sols américains... Cela vous surprend peut-être ? ». David Downie, critique gastronomique américain basé à Paris depuis vingt ans a donné le ton d'entrée de jeu hier, Pavillon Dauphine à Paris, à l'occasion de l'opération promotionnelle Flavors of America donnée par le département de l'agriculture des Etats-Unis (USDA).
Destinée essentiellement aux grossistes et professionnels des circuits RHD, cette manifestation avait pour but de présenter et vanter les qualités d'une quinzaine de produits américains peu transformés. Et il y a été beaucoup question de terroir, de marques déposées, voire de productions labellisées, aussi surprenant que cela puisse paraître si l'on se remémore l'opposition farouche des Américains devant les instances de l'OMC sur la reconnaissance de l'origine. Porte Dauphine, on pouvait par exemple déguster de l'huile d'olive extra de Californie labellisée COOC (pour California olive oil council). Ses caractéristiques : faite à partir d'olives de Californie exclusivement, 100 % vierge extra, première pression à froid, teneur en acide oléique inférieure ou égale à 0,5 %, et une garantie zéro défaut. En 8 ans, l'oléiculture californienne a connu une croissance de 200 % -pour représenter 1 514 t sur 2 833 ha- et ces chiffres sont amenés à doubler dans les 4 ou 5 prochaines années. Les 200 oléiculteurs californiens cherchent donc de nouveaux débouchés.
Le mondialiste du vin Gallo change de discours
La plus grande distillerie américaine Heaven Hill était également venue faire déguster aux cavistes ses deux spécialitées Evan Williams Single Barrel Bourbon (millésime 1995) et le Cabin Still, tous deux estampillés « Kentucky straight Bourbon whiskey ». Ce label correspond à un cahier des charges qui impose un bourbon, élaboré à parti de mélange de céréales dont 51 % de maïs, d'au minimum deux ans d'âge, vieilli en fûts neufs de chêne blanc des Etats-Unis, et à 40° d'alcool.
La grande marque de vin californien, E & J Gallo Winery, s'est fait connaître partout dans le monde et en France par son nom et ses cépages, notamment le très spécifique Zinfandel. Mais dans son discours auprès des restaurateurs et des cavistes, la notion terroir se développe. « La semaine prochaine, je fais une formation dans une école à Rungis. Je vais beaucoup parler de climatologie, sol et vinification», témoignait hier Fabrice Claudel responsable des exportations vers la France. « Nous voulons donner un côté qualitatif. Aujourd'hui on a un peu une image de Coca-Cola du vin», ajoutait-t-il. Le Californien promeut par exemple les qualités des terroirs du Comté de Sonoma (au nord de San Fransisco).
Pour se différencier des concurrents sur les marchés extérieurs, notamment en France, des productions brutes comme les oranges et pamplemousses de Floride mettent en avant une marque déposée Florida (r). Marque qui oblige des producteurs à s'engager dans une démarche de qualité, assurait hier leur contact commercial en France.
Certes nos systèmes d'AOC et d'IGP sont plus contraignants, mais il semblerait bien que les Américains s'en inspirent volontiers dans leur promotion à l'exportation. Pourront-ils continuer longtemps à s'opposer sur ce sujet à l'UE devant l'OMC ?