Les ambitieux et les autres
La conférence internationale sur la viande bovine qui s’est tenue en début de semaine à Edimbourg tombait à pic. Au lendemain d’un sommet de Bruxelles dévastateur pour l’unité de l’Europe et en pleine remise en cause de la PAC par Tony Blair, les 250 congressistes invités par l’interprofession bovine écossaise et le secrétariat international de la viande n’ont pas manqué de sujets de conversation, en marge des interventions. La production bovine européenne, déficitaire en 2004, doit-elle craindre une réduction drastique des soutiens communautaires à moyen terme ? Les producteurs et industriels européens doivent-ils faire le deuil de toute ambition exportatrice ? Plus immédiatement, la guerre des mots engagée entre Tony Blair et Jacques Chirac va-t-elle remettre en cause le retour programmé des vaches britanniques en Europe, qui permettrait d’alléger la pression qui règne sur le marché ? Ce sont quelques-unes des questions que se sont posées les auditeurs européens, sous l’œil mi-amusé, mi-narquois des sud-américains et australiens. L’intervention d’un opérateur chinois a apporté à ces réflexions un intéressant contre éclairage. En 20 ans, la consommation de bœuf en Chine est passée de 27 grammes à 4,55 kilos par habitant et par an, a-t-il expliqué. C’est certes encore assez peu, mais la marge de progression est large. La viande bovine ne représente que 9% de la consommation totale de viandes dans ce pays traditionnellement tourné vers la viande porcine. On connaît quelques exportateurs, en Amérique du Sud et en Australie qui se frottent déjà les mains. Ah oui, j’oubliais juste un détail : aujourd’hui, l’Europe est totalement absente sur le marché chinois.