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Les agrocarburants n’ont plus aussi bonne presse

Remis en cause sur le plan environnemental, énergétique ou sur la concurrence avec l’alimentation, les agrocarburants sont regardés d'un œil plus circonspect dans les médias.

L’engouement pour les agrocarburants est loin d'être tari. Pourtant, ces produits issus des céréales, de la canne à sucre ou encore des oléoprotéagineux commencent à être remis en cause dans de nombreux médias, bien loin de l'enthousiasme qui avait accompagné leurs premiers développements. Les articles peu flatteurs ont fleuri dans les magazines et journaux, Le Monde Diplomatique de juin tenant à démonter, sur deux pleines pages, « les cinq mythes de la transition vers les agrocarburants ». La protection de l'environnement, la résolution de la faim dans le monde ou encore la proximité des agrocarburants de deuxième génération promis par les défenseurs de ce nouveau débouché agricole sont autant d’arguments tour à tour balayés. L’obtention d'un seul litre d'éthanol est gourmande en eau et en capacité de retraitement, tandis que, plus les prix du soja grimpent, plus la déforestation de l’Amazonie progresse, mettant à mal l’objectif de favoriser la lutte contre l’effet de serre.

« L’éthanol pollueur » ?

En complément de ces arguments, une brève publiée dans le mensuel Sciences et Avenir, titrée « l’éthanol pollueur », souligne que s'il dégage moins de gaz à effet de serre que l'essence, l’éthanol fabriqué à partir de maïs, de betterave ou de canne à sucre est « tout aussi mauvais pour les poumons ». La cause tient au fort dégagement d’acétaldéhyde, un composé organique volatil contribuant à la formation de l’ozone et du smog.

Dans l’hypothèse ou toutes les voitures américaines rouleraient au E85 d’ici à 2020, les États-Unis devraient faire face à une surmortalité de 4 % liée aux problèmes respiratoires.

Plus en lien avec l’alimentation, les conclusions de travaux menés par la Fao jettent un pavé dans la mare des défenseurs des biocarburants qui, par glissement sémantique, et plus conformément à la logique, sont devenus « agrocarburants ». Dans son rapport « Perspectives de l’alimentation » daté de juin, l’organisation des Nations Unies indique que la facture mondiale des importations alimentaires s’alourdit « en raison principalement de la forte demande sur les biocarburants qui dope les prix ». Cette hausse affecte les céréales secondaires et huiles végétales importées avec une facture des importations qui devrait enregistrer, en 2007, une hausse de 13 % par rapport à l’an dernier. Sans oublier que dans ce sillage, les produits carnés et laitiers devraient eux aussi augmenter. Au Mexique, l’augmentation rapide du prix de la tortilla s’appuierait ainsi sur l’élévation des cours du maïs, majoritairement destiné à la fabrication de carburants d’origine agricole.

Mise en place pour apporter une aide aux besoins énergétiques, la réorientation des cultures vers les agrocarburants serait en train de créer d’autres problèmes. Le magazine Alternatives économiques évoque ainsi « l’essence de la faim » dans son dernier numéro, avec des agrocarburants qui « ont la cote » mais suscitent déjà des désordres écologiques, une hausse des prix agricoles et menacent aussi l’équilibre alimentaire. Avec des seuils d’incorporation encore loin des objectifs fixés par les États-Unis ou l’Europe pour les 10 ou 15 prochaines années, la guerre de positions entre défenseurs et détracteurs sera assurément engagée.

Rédaction Réussir

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