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Les agriculteurs français sont dépendants aux pesticides

Source : SCEES, UIPP
Pour réduire la sur-utilisation des pesticides en France (3e consommateur mondial), l’Inra et le Cemagref proposent une taxation des pesticides et des aides aux producteurs développant la production intégrée.

« La situation environnementale sur le plan des pesticides n’est pas satisfaisante dans notre pays. La France est le 3e consommateur de pesticides au monde, derrière les Etats-Unis et le Japon», a déclaré jeudi, Nelly Olin, ministre de l’Ecologie et du Développement durable à l’occasion d’un colloque de restitution d’un rapport d’expertise collective de l’Inra et du Cemagref sur le thème « pesticides, agriculture et environnement ». Les bilans successifs de l’IFEN montrent une contamination généralisée des eaux par ces produits, on retrouve également des pesticides dans l’air à proximité des cultures. « Certains sols sont imprégnés de pesticides toxiques pour de nombreuses années : je pense en particulier aux Antilles avec la contamination par la Chlordécone, produit interdit pourtant depuis 10 ans», a-t-elle ajouté.

Si on observe une baisse des tonnages de pesticides vendus en France, c’est principalement dû au remplacement de produits anciens par de nouvelles molécules, actives à des doses d’emploi beaucoup plus faibles. Cette baisse « peut donc ne pas correspondre à une diminution du recours aux pesticides et de ses impacts », note le rapport d’expertise. Quelques productions apparaissent très consommatrices comme les cultures maraîchères, l’arboriculture fruitière et la vigne (par l’intensité des applications), les céréales et le colza (par l’étendue des surfaces concernées), alors que dans toutes ces productions des problèmes de résistances aux pesticides apparaissent.

Pour expliquer la dépendance de la production agricole vis-à-vis des pesticides, le rapport évoque le faible coût des pesticides, a contrario les coûts non négligeables des techniques plus économes en pesticides mais réputées « plus risquées », les exigences de la distribution et des consommateurs de produits « zéro-défaut » et « le fait que conseil en protection des phytosanitaires, vente des intrants et collecte des récoltes sont de plus en plus assurés par les mêmes structures ».

Effet limité du raisonné

Comment remédier à ce problème ? L’Inra et le Cemagref estiment qu’il ne faut pas surestimer les effets attendus de l’utilisation « raisonnée » des pesticides. Elle peut conduire à supprimer quelques traitements systématiques, mais elle apparaît « limitée tant que l’on reste dans des systèmes de culture générant des risques phytosanitaires importants». Pour les experts scientifiques, la production intégrée serait donc la seule démarche efficace, ce qu’apprécieront les défenseurs de l’agriculture raisonnée.

L’idée : « réintégrer sur des bases scientifiques et techniques renouvelées, la gestion des bio-agresseurs dans la conception des systèmes de culture, voire de production ». « L’agriculture biologique [...] est fortement engagée dans cette voie, mais on pourrait aussi concevoir d’autres systèmes, qui tendraient vers le « zéro pesticides» sans s’interdire l’utilisation d’engrais de synthèse et le recours occasionnel à un traitement phytosanitaire en cas d’échec des mesures prophylactiques et curatives non chimiques», poursuit le rapport d’expertise. Pour aider à cette mutation, l’Inra et le Cemagref proposent l’instauration d’une taxation des pesticides, des aides directes au revenu des agriculteurs développant des mesures alternatives et des mesures plus restrictives dans les zones sensibles. Nelly Olin a annoncé jeudi qu’un plan interministériel de réduction des risques liés aux pesticides pour 2006-2009 sera présenté en janvier. Il portera notamment sur les moyens de réduire l’utilisation des pesticides.

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