Les agriculteurs cherchent des alternatives au pétrole
Gros consommateurs de carburants, les agriculteurs subissent de plein fouet la hausse du prix du pétrole. Si les infidélités à l'essence et au gazole se limitent pour le moment à l'incorporation (encore faible) de biocarburants, ils bénéficient cependant de coups de pouce fiscaux, qui permettent d'alléger ce poste de dépense. « Le fioul, dont le prix est directement lié au pétrole, a augmenté de 30 % depuis un an. Sur les deux dernières années, la hausse s'établit à 70-80 %», calcule-t-on à la FNSEA.
Pour atténuer cette hausse fulgurante des prix, plusieurs mesures obtenues en 2004 ont été reconduites au début de l'année, avec en premier lieu un remboursement partiel de la TIPP sur le fioul domestique. Taxé à hauteur de 5,66 centimes par litre, il bénéficie d'un remboursement de 4 centimes pour les agriculteurs l'ayant acquis entre le 1er juillet et le 31 décembre 2004 (mesure étendue à l'année 2005).
Le fioul domestique, un tarif qui ne peut rivaliser
L'effort peut sembler faible, mais la profession dispose déjà du droit d'utiliser du fioul domestique dans toutes les machines agricoles. Similaire au gazole à quelques additifs près, le fioul domestique est utilisable en tant que tel, il est marqué à l'aide d'un traceur rouge pour éviter son utilisation dans les véhicules classiques, étant donné son prix très compétitif.
Ce régime fiscal des agriculteurs est très avantageux, un litre de gazole standard vendu à la pompe comprenant 41,69 centimes de TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers), un tarif qui ne peut rivaliser avec les 5,66 centimes de taxe du fioul domestique.
Outre les remboursements de taxes sur le fioul domestique, le gouvernement a également mis en place un remboursement partiel, à hauteur de 0,71 euro/mkW de la taxe intérieure de consommation sur le gaz naturel (TICGN). Le dispositif devrait essentiellement toucher les serristes, car il n'est effectif qu'à partir de 5 millions de kW. Pour contourner l'utilisation de ces énergies de plus en plus chères car liées au pétrole, des tentatives ont bien été faites comme avec les huiles végétales pures (tournesol et colza) incorporées directement dans le carburant, mais les avis sont divergents.
Proléa, la filière française des huiles et protéines végétales, a bien testé ce dispositif dans les années 90. « Mais cela posait trop de problèmes, notamment au niveau de la fluidité, du mauvais mélange, et de l'environnement », confie la filière, qui, forte de ce constat, s'est orientée vers les débouchés industriels.
Après traitement, les huiles permettent d'obtenir du diester incorporable dans le gazole. Le gouvernement, qui a débloqué récemment une première tranche d'agréments pour les biocarburants (sous forme d'exonérations des taxes), souhaite accélérer le mouvement en étudiant la mise en place de la deuxième tranche prévue pour 2008-2010.
Bien accueillie par de nombreuses filières et par la classe politique, la voie des biocarburants semble prometteuse. Mais certaines organisations n'hésitent pas à tempérer l'enthousiasme ambiant, et s'interrogent sur la rentabilité de cette filière naissante.