Les abattages de porcs ont repris de la vigueur
Le grand Ouest connaît une reprise de son activité porcine, avec 20 456 614 animaux abattus l'an dernier (+1,6 %). Mais, le contexte de surproduction mondiale n'incite guère à s'en réjouir. La filière connaît une crise sans précédent, dont les ingrédients sont la faiblesse des cours (à 1,118 euro/kg en moyenne sur 2007, soit -8,5 %) et le renchérissement de l'aliment du bétail. Le poids moyen de carcasse affiche une légère progression (à 91,6 kg, contre 91,4 kg en 2006), dans l'esprit de la nouvelle grille de paiement. Côté entreprises, Europig et Louis Gad se sont regroupés, devenant au passage le troisième plus gros opérateur national. Ce rapprochement pourrait lancer une plus vaste concentration du secteur.
« Le rapprochement entre Louis Gad et Europig marque sans doute le début d’un mouvement de restructuration nécessaire, face à une industrie charcutière en mutation et une distribution intraitable et concentrée », analyse une circulaire du SNCP. Paul Rouche, président délégué de l’organisation syndicale des abatteurs découpeurs, pense que la production va se concentrer autour de trois ou quatre pôles. « L’enjeu pour les grands outils est d’assurer l’approvisionnement en porcs, de fidéliser les éleveurs, souligne-t-il. Leur crainte est de subir une baisse de la production dans les années à venir. » La Cooperl continue de drainer des volumes. Ses deux abattoirs affichent +8 % et +2,3 % de hausse du nombre de porcs abattus en 2007. Bernard (-1 %) semble opérer un rééquilibrage avec son abattoir de coches à Loudéac (+8 %). La perte de vitesse d’Europig (-4 %) combinée au dynamisme de Gad (+2 %) peut laisser penser à une stratégie différente du nouvel ensemble.
Le SNCP relativise la progression de 1,6 % des abattages 2007 en zone Uniporc Ouest. Elle reste modérée par rapport aux évolutions observées dans d’autres grands bassins de production. L’Allemagne, le Danemark et l’Espagne se situent dans une fourchette de hausse comprise entre +4 et +6 %.
« Les semaines à venir vont marquer une baisse des abattages », affirme Paul Rouche, en soulignant l’atonie des cours malgré les promos dans les grandes surfaces. Le directeur d’Uniporc Ouest Paul Pommeret observe une décapitalisation dans le cheptel de truies. « Certains éleveurs n’ont pas les moyens d’investir dans une station de traitement du lisier ou ne disposent pas des surfaces nécessaires à l’épandage, avance-t-il. Le découragement gagne les producteurs, aux prises avec d’importantes contraintes environnementales à la fois nationales et européennes. Le vieillissement des exploitants constitue un autre fait inquiétant pour l’avenir de la production. Dans le Morbihan et l’Ille-et-Vilaine notamment, les installations porcines sont tombées à un niveau très bas. »