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Salon Emballage 2010
L’emballage sous le signe de l’éco-conception

Les valeurs de développement durable constituent-elles un levier de croissance important pour les acteurs de l’emballage ? Beaucoup le croient et œuvrent dans ce sens. Le salon Emballage 2010 en portera, en tout cas, les couleurs.

Le salon Emballage 2010 ouvrira ses portes, du 22 au 25 novembre 2010, au parc des expositions Paris Nord Villepinte. Il aura l’éco-conception pour thème porteur (notion pilier du développement durable), mais il y sera aussi question de prédominance de packagings simples et parfaitement rationalisés, d’emballages très protecteurs pour des produits sensibles comme les produits bio ou des formules naturelles sans conservateurs, de solutions pratiques facilitant ouvertures et fermetures, préhension et rangement. Il y sera aussi question de cuisson dans l’emballage.

L’ÉCO-CONCEPTION EN VEDETTE
Concevoir des emballages moins lourds et moins volumineux, plus facilement recyclables, ayant un impact environnemental le plus faible possible et intégrant la notion de fin de vie… Tel est le défi lancé en Europe, depuis près de dix ans, aux industriels et formulé par des textes européens fondateurs comme la directive Packaging 94/62/CE, réactualisée par la directive Packaging 2004/12/CE. Dix ans après la première directive, les premiers résultats étaient déjà très encourageants. Les emballages en plastique (tous secteurs confondus) avaient perdu 28 % de leur poids, ceux en verre 8 %, les briques alimentaires 24 %, les boîtes de conserve 37 %!
Aujourd’hui, le concept de développement durable est très présent dans les entreprises, à tel point qu’elles ont quasi toutes un service dédié. Et les révisions de packaging se multiplient. En France, le Conseil national des emballages encourage d’ailleurs les efforts de réduction à la source des déchets en les suivant et en publiant les résultats obtenus dans un catalogue consultable par tous. Notons, toutefois, que Fabrice Peltier, président du directoire de l’agence conseil en design, P’Références, s’interroge encore beaucoup sur la volonté réelle des marques de privilégier, dans leur choix d’emballage, l’impact environnemental de leurs produits.
La réduction du poids et du volume des emballages ayant plusieurs limites, dont celle d’induire des déplacements de pollution et d’atteindre la limite d’acceptabilité des consommateurs, c’est la notion d’éco-conception des emballages qui s’impose plutôt. Pour les plus grands groupes laitiers (et même chez quelques PME importantes), cette notion n’est pas nouvelle mais elle se poursuit très activement par la réduction des emballages bien sûr, mais aussi par la mise en oeuvre de matières premières « ressourçables » ou de matières fossiles recyclées.
Ainsi, chez Lactalis, le service achats réalise toujours des efforts importants pour réduire le poids et la nature des emballages. Pour quelques produits, les économies en matériaux sont d’ailleurs déjà significatives : 60 tonnes de carton sur les emballages de îles flottantes Bridélice, 80 tonnes de film plastique sur les packs de lait Lactel et 44 tonnes de polyéthylène sur les pots de yaourt.
Chez Nestlé, une approche intégrée a été mise en place, qui favorise, entre autres, la réduction des emballages à la source. En 20 ans, les réductions cumulées d’emballages (tous produits confondus, dont les produits laitiers) a dépassé les 300 000 tonnes.
Enfin, chez Danone France, l’acte le plus spectaculaire a été d’avoir supprimé les suremballages en carton de ses yaourts Activia et Taillefine (40 % des ventes de Danone France). Une décision qui n’a pas été sans risques ni sans contraintes ! Il aura fallu trois ans aux équipes pour arriver à cette fin, le temps de repenser (en fait, de redessiner et de recaler) chacun des éléments clés de repérage (opercule et banderole) sur les produits et d’adapter chaque machine, dans un parc non homogène. D’ici à fin 2010, 126 millions de packs auront été retirés et le poids des emballages (allègement du pot et suppression du carton) aura été divisé par deux. PME de taille importante, l’Union des coopératives laitières de Villefranche-sur- Saône (Laiterie Saint-Denis de l’Hôtel) a, pour sa part, adopté la préforme Prélactia développée par PDG Plastiques : le passage au soufflage (en substitution de l’extrusion) a permis d’alléger la bouteille en PET (de 30 g à 24 g), de sécuriser la fermeture et de supprimer l’opercule aluminium qui assure traditionnellement l’étanchéité. Une réussite si l’on en croit le nombre de bouteilles commercialisées sur l’année 2010: 40 millions !

DES EMBALLAGISTES TRÈS IMPLIQUÉS
Les fournisseurs d’emballages et les constructeurs de machines ne sont pas moins actifs quand il s’agit d’intégrer, à leurs activités et à leurs produits, des notions de développement durable. Tetra Pak poursuit très activement le développement de ses briques labellisée FSC (fibres de bois issues de forêts exploitées de manière durable). Le groupe annonce, pour 2010, l’arrivée de 100 millions d’emballages certifiés FSC (laits et jus de fruits inclus) chez Carrefour.

EN CHIFFRES
Salon de l’emballage 2010
• Date : 22 au 25 novembre 2010
• Lieu : parc des expositions Paris-Nord Villepinte
• Exposants: 1250 exposants dont 40 % d’étrangers. Plus de 50 pays devraient être représentés dont certains tiendront, pour la première fois un pavillon, comme Dubaï, la Lituanie et la Tunisie.
• Nouveaux exposants: 250
La RLF sera présente au salon. Hall 5A, allée H, stand n°173.

ESPACES THÉMATIQUES
Quatre espaces thématiques accueilleront les visiteurs :
• L’innovation, avec Pack Innovation, qui regroupera une centaine d’innovations ;
• Le design, avec Pack Designers, qui sera ouvert aux créateurs ;
• L’environnement, avec Emballage in Green, qui sera soutenu par un plateau de télévision et deux expositions dont Recycling Forever de Fabrice Peltier et les Packaging Remarquables.
• La prospective, avec Pack Vision sous la forme de conférences.

Auchan a, quant à lui, adopté une brique Tetra Germina Aseptic 1 l, labellisée pour sont Lait des Montagnes Françaises. De son côté, SIG Combibloc utilise un nouveau type de complexe carton, Combibloc EcoPlus, qui permet de réduire de 28 % les émissions de CO2 par rapport à ses briques traditionnelles de 1 litre. Pour le lait UHT, la structure du complexe comprend une proportion plus importante (82 %) de carton, une nouvelle couche ultrafine de polyamide pour « préserver le goût du lait et isoler ce lait des odeurs extérieures », une fine couche intérieure de polyéthylène pour l’étanchéité et une autre extérieure, pour protéger le contenu de l’humidité. La feuille d’aluminium (réputée polluante) disparaît donc. Le groupe assure, par ailleurs, que ces emballages peuvent être utilisés sur des conditionneuses standard, moyennant quelques modifications de paramètres.
Constructeur de machines de fin de ligne, Cermex participe activement, en partenariat avec les principaux intervenants des filières carton et film, à l’éco-conception des emballages qui devront passer sur ses équipements. Ses objectifs : aider au choix du matériaux, viser les économies de matière lors de la fabrication, optimiser le volume consommé par le packaging pendant son cycle de vie (fabrication, transport, utilisation, recyclage). Cermex appuie, par exemple, la promotion d’une gamme d’emballages en carton, nommée Eco-Newpack, développée par la société Clareo, qui optimise la surface carton nécessaire et réduit la perte de déchets dès la production.

DÉVELOPPEMENT DURABLE
Les valeurs du développement durable constitueront- elles un levier de croissance pour les constructeurs de machines d’emballage et de conditionnement ? Les innovations présentées au salon prouvent, en tout cas, que ces valeurs sont importantes. Encore faut-il que le contexte économique redevienne favorable. L’étude réalisée sur l’activité 2009 par l’Observatoire de l’emballage, en partenariat avec les différents syndicats professionnels de la filière, est à ce sujet très parlante. Ce sont les systèmes pour étiquetage et codage qui ont enregistré les plus fortes hausses. Lesquels répondent, en effet, très étroitement, aux différentes réglementations en matière d’étiquetage et aux besoins pressants des industriels en matière de sécurité, de traçabilité et de suivi de transport. L’étude précise aussi que les machines de remplissage et les équipements de type FFS pèsent toujours le quart du marché, témoignant que la productivité des lignes et la praticité des emballages restent des objectifs prioritaires.
SABINE CARANTINO

Design: Emballage 2010 enquête sur la perception des marques

Le « design packaging » devrait avoir un rôle essentiel dans la vie d’un produit de consommation (aujourd’hui, encore plus qu’hier), tant les enjeux environnementaux ont pris de l’importance pour les consommateurs. Mais le design est-il considéré, par les industriels utilisateurs d’emballages, comme efficace dans la création d’un emballage ? Quelle est, pour ces industriels, la valeur ajoutée d’un designer ? Ont-ils, dans le contexte actuel, des projets de conception de nouveaux emballages ?
Autant de questions auxquelles le salon Emballage 2010 apporte des éléments de réponses, grâce à la publication des résultats d’une enquête(1) menée auprès d’industriels utilisateurs d’emballage…

« UN OUTIL STRATÉGIQUE »
Ainsi, le packaging apparaît plus que jamais comme un « outil stratégique », notamment parce qu’il a la fonction de « communiquer pour déclencher l’achat » et aussi de « se démarquer de la concurrence ». Incités à se prononcer sur les critères les plus importants pour l’emballage des produits de consommation, les entreprises ayant répondu (pour 74 % des marques, pour 26 % des fournisseurs d’emballage et de services) sont 61 % à citer la fonction « promouvoir les ventes », et 29 % à mettre en avant le fait que le packaging « accélère les ventes ». 43 % d’entre elles citent aussi le fait « d’améliorer le transport et le stockage ». Seules 48 % d’entre elles mettent en avant la « protection des produits contre les agressions extérieures », 35 % « l’information du client » et 23 % « faciliter l’usage des produits ».

« LE DESIGN RENFORCE L’EFFICACITÉ »
Pour 90 % des professionnels interrogés par Emballage 2010, « le design renforce l’efficacité de l’emballage dans l’ensemble de ses fonctions, dont celle d’être responsable ». Mais, alors qu’ils ne sont que 26 % à citer « la préservation de l’environnement » comme critère important, ils sont 54 % à affirmer qu’ils ont des projets en matière de packaging responsable. Lesquels projets intègreraient quatre points essentiels : « la recyclabilité, avec un travail au niveau des matériaux » ; « la prise en compte de la fin de vie, avec la gestion des déchets » ; « la limitation du gaspillage des produits, en travaillant la simplicité et l’efficacité des contenants » ; « l’impact lié au transport, avec un travail au niveau des formes ». Autre information importante, le packaging d’un produit change souvent ! 76 % déclarent ainsi faire évoluer celui de leurs produits tous les 1 et 4 ans.

(1) Méthodologie : Enquête en ligne sur plateforme « areyounet », réalisée entre les 17 et 28 mai 2010, auprès d’un échantillon de 170 entreprises de plus de 20 salariés, industriels utilisateurs et fabricants d’emballages (tous secteurs confondus de produits de consommation, 28 % d’entre eux oeuvrant dans le secteur alimentaire).

INTERVIEW Fabrice Peltier, président du directoire de l’Agence conseil en design packaging P’Référence

« Intégrer l’éco-design dans la conception de l’emballage »

Pour que l’emballage joue pleinement son rôle d’interface entre les marques et les consommateurs, les « éco-designers » devraient davantage être interpellés et écoutés.Telle est, en substance, la signification des propos de Fabrice Peltier.

RLF – Les designers et autres « apporteurs d’idées » en matière d’emballage ont-ils un rôle à jouer dans les démarches de respect environnemental ?
Fabrice Peltier – Oui, bien sûr et plus que jamais. Mais, cette fois, il s’agit d’aller plus loin que la seule mise en place de solutions techniques d’allègement, de recyclabilité ou de biodégradabilité. Pour certains emballages, comme les bouteilles en plastique, l’allègement arrive d’ailleurs à sa limite. Aujourd’hui, il s’agit de s’ouvrir davantage à des démarches dans lesquelles le consommateur serait totalement impliqué et responsabilisé et ne risquerait pas de prendre en grippe les emballages et leurs déchets. Comme on le constate encore trop souvent aujourd’hui!

Comment voyez-vous cette nouvelle approche?
F. P. – Pour toute nouvelle conception, nous devrions pratiquer systématiquement l’écodesign. Pour apporter des solutions qui facilitent et dédramatisent le geste fatal de jeter les emballages, mais aussi pour encore mieux adapter les emballages aux modes et lieux de distribution et aux façons de consommer des années à venir. Les marques ont compris que les modèles ont changé, mais seules (ou presque !) les plus importantes se sont donné les moyens d’avancer. Or il est grand temps de réinventer l’emballage. Dans le secteur laitier, nous travaillons, depuis près de cinq ans, avec les plus grands groupes, à tout remettre à plat. Il faudra très probablement le même nombre d’années pour que les projets aboutissent car les concepts seront « révolutionnaires ». Notons toutefois que le fait de retirer les suremballages en carton des yaourts ou les boîtes en carton ou bois des pâtes molles est déjà un grand pas vers cette mutation.

Emballage 2010 a réalisé une étude, auprès des industriels, sur leur perception du packaging en termes de design. Que pensez-vous des conclusions?
F. P. – J’ai été très surpris du décalage de perception entre les marques et les consommateurs. Ce qu’attendent, en priorité, les consommateurs, ce sont des revendications basiques et essentielles que les industriels devraient tous retenir comme priorités. Or c’est loin d’être le cas. Les consommateurs veulent que les emballages protègent les produits. Ce qui, avouons-le, est le minimum syndical! Or, seules 48 % des marques en font une priorité. Ils veulent que ce soit des supports d’information, or seules 35 % des marques accèdent à leurs attentes. Ils veulent aussi pouvoir utiliser les emballages en toute sécurité et en récupérant le maximum de produit. Ce que les marques ne perçoivent pas comme une priorité. Les consommateurs se disent aussi attachés à la recyclabilité et à l’impact environnemental. Les marques y sont certes de plus en plus sensibles, mais elles ne sont que 24 % à les citer comme prioritaires.On s’aperçoit donc que les critères les plus importants pour les marques ne sont pas tournés vers l’intérêt des consommateurs, puisqu’il s’agit essentiellement pour elles de « promouvoir les ventes » et d’« améliorer le transport et le stockage ». Ce qui va à l’inverse de la définition propre au « design packaging ». Contrairement aux conclusions bienveillantes de l’étude vis-àvis du design, il ne m’apparaît donc pas qu’une majorité de marques soient véritablement prêtes à investir dans une réflexion design pour concevoir leurs emballages.
PROPOS RECUEILLIS PAR S.CARANTINO

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