L'élevage de volailles de chair perd ses gains de productivité
Les performances techniques des élevages de volailles stagnent et les coûts de production augmentent, confirme la dernière enquête annuelle que l'Itavi vient de rendre publique.
En élevage de poulet, les progrès « semblent depuis 5 ans s'être stoppés », dit un article de la revue « Tendance des marchés » daté d'octobre. Le mensuel économique invoque la dégradation de la conjoncture qui a fait ralentir les rotations et augmenter - stagner au mieux - les âges d'abattage. Il impute à l'interdiction des farines animales (à la fin 2000) la stagnation de l'indice de consommation (aliment consommé pour un gain de poids) depuis 2001.
Il relativise toutefois son appréciation, car certains choix favorables à la qualité, comme l'adoption par des filières standard de souches à croissance intermédiaire, amoindrissent les performances techniques.
En élevage de dinde, le fléchissement du nombre de rotations et la stagnation de la densité se sont amorcés plus tôt qu'en poulet. La tendance est à l'allongement des durées de vide sanitaire depuis le milieu des années 90. La mortalité a dramatiquement augmenté ces trois dernières années, ayant atteint 7,4 % l'an dernier (contre moins de 4 % en poulet standard), avec la recrudescence de maladies intestinales due au retrait des traitements préventifs.
Le coût alimentaire des élevages de volailles de chair s'est alourdi avec le passage au 100 % végétal et le renchérissement des aliments en 2004 dû à la sécheresse de 2003. Il a carrément plombé l'élevage de dinde qui souffre d'une mauvaise performance alimentaire.
Très lié au coût alimentaire, le coût de production au kilo vif de volaille s'est alourdi, surtout en dinde.
Le coût de production du kilo vif de poulet standard est remonté de 1,7% par an à partir de son plus bas de 1999 (moins de 0,7 euros). Il est revenu aujourd'hui (chiffre 2004) aux alentours de 0,75 euros/kg vif, son niveau du milieu des années 90. Le coût de production du kilo vif de dinde medium a progressé beaucoup plus vite à compter de son plus bas de 1999 (un peu plus de 0,8 euros/kg vif), au rythme de 4,2 % par an. Il atteint aujourd'hui 1 euro/kg vif, son niveau de la fin des années 80, « effaçant plus d'une décennie de gains », écrit l'analyste Sylvain Gallot. Dans cette espèce, le coût alimentaire représente 63 % du coût total contre 55 % seulement en 1999.
Les poulets Label rouge ont été rattrapés ces trois dernières par la conjoncture économique. La plupart de leurs indicateurs technico-économiques se sont dégradés en 2004, montre la même analyse de l'Itavi. Ainsi, l'âge d'abattage (supérieur à 81 jours dans ce créneau), qui avait connu une hausse sensible en 2002, a de nouveau augmenté l'an dernier pour atteindre 89 jours en moyenne ; l'indice de consommation s'est légèrement dégradé (+ 1,1 %) ; les durées de vide sanitaire se sont de nouveau étirées à 32,5 jours, « soit la plus longue durée moyenne depuis au moins 1999 », écrit l'analyste de l'Itavi. En conséquence, le nombre de rotations a chuté de 3,5 % en 2003 puis de 3,8 % en 2004 ; la productivité annuelle au m2 de 4 % en 2003 puis de 2,8 % en 2004.