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L’élevage bovin anglais se soucie de son efficacité

De gros efforts de rationalisation sont menés en amont de la filière bovine britannique. Le contexte économique ouvre la voie à des idées nouvelles, comme l’intégration. Première partie de notre reportage sur place.

Les sujets de Sa Majesté perdraient-ils leur esprit libéral ? Des idées nouvelles font en tout cas leur chemin chez les éleveurs anglais. Les crises successives, la nouvelle Pac bousculent les schémas traditionnels. Ainsi, des producteurs de jeunes bovins choisissent la contractualisation. Cette formule est proposée par Southern Counties Fresh Foods, une entreprise d’abattage-découpe du Sud de l’Angleterre. L’idée est de garantir un prix de l’animal engraissé. Pour en bénéficier, l’éleveur doit respecter un cahier des charges. « C’est une forme d’intégration, analyse Rémi Fourrier, promoteur de la viande britannique en France. Avec la nouvelle Pac, certains exploitants estiment ne plus pouvoir s’en sortir seul. D’où l’intérêt de contractualiser ».

Le programme, baptisé Blade farming, associe le distributeur Somerfield. « Son principe est de fournir un produit adapté au consommateur : la viande doit être tendre », souligne Richard Phelps, directeur de Southern Counties.

Intensification des systèmes

Une visite chez Adrian Gleed, un des 52 éleveurs concernés, permet d’en découvrir toutes les facettes, avec parfois quelques surprises. L’exploitant, basé dans le Gloucestershire, ne se soucie guère de la race, pourvu que le rendement soit là. Son troupeau est constitué d’environ 150 JB croisés angus holstein. « La race n’a aucun effet sur la qualité de la viande,avance sans ambages Rémi Fourrier . En revanche, ses critères économiques sont maîtrisés».

Par souci de rentabilité, et de tendreté de la viande, le cycle d’élevage est raccourci. Les bêtes sont abattues vers 14 mois, correspondant à 260 kg de carcasse. « J’utilise uniquement des taureaux dont les résultats sont connus sur la descendance », déclare Adrian Gleed. Cette pratique n’est pas encore très répandue en Angleterre. L’alimentation comprend 60 % de céréales, avec un mélange de blé et d’orge. « De la vitamine E et des Oméga 3 sont inclus dans la ration, précise Richard Phelps. Cela assure une meilleure conservation de la viande». Les acides gras essentiels sont apportés par l’huile de lin de l’entreprise française Valorex, connue pour son implication dans la filière Bleu Blanc Cœur.

La dernière évolution de Blade consiste à réintroduire du sang de race locale. Une démarche opportune, compte tenu de l’implantation régionale de la marque. Celle-ci est commercialisée dans les magasins Somerfield de l’ouest de l’Angleterre. Southern Counties espère au passage bénéficier du soutien de Bruxelles. Son choix s’est porté sur la south devon. Objectif affiché, introduire 2 500 croisements de la race dans les unités d’engraissement. Le programme Blade, basé sur un mode intensif, vise les exploitations du sud du pays, à vocation céréalière. Son potentiel est estimé à un quart de l’élevage bovin national, compte tenu du parc de bâtiments peu élevé en Angleterre.

En comparaison de ce type de système, la production traditionnelle paraît davantage menacée par la nouvelle Pac. « Des opportunités devraient se présenter pour les jeunes, suite au découplage, considère Rémi Fourrier . Une sélection va s’opérer pour ne laisser la place qu’aux plus pros. Beaucoup d’éleveurs gardent leurs bêtes trop longtemps, ont une mauvaise gestion du pâturage, ne font pas assez de génétique ». Chris Awdry, à la tête d’un troupeau allaitant de 250 têtes dans le Wiltshire, envisage de passer à 200 têtes. « La pression des distributeurs est tellement forte sur les prix, j’attends de voir », déclare-t-il. Le découplage des subventions lui laisse d’autant plus de marge de manœuvre qu’une part de ses revenus est assurée par des prestations de travaux à l’extérieur.

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